Il se tient debout devant mon petit stand librairie. Sourire d’ébène, grand corps sénégalais habillé de chaud pour résister à l’hiver jurassien. C’est à Lons-le-saunier, où je suis venu installer des banderoles en ville et donner ds ateliers au collège, que nous nous rencontrons. « Je suis poète ! » affirme-t-il. Bien. J’acquiesce. « Mon grand-père, au Sénégal, était poète-griot. Et il m’a transmis ! » Ah oui, très bien. « On m’appelle le fils du Baobab » Enchanté, sincèrement enchanté. Et il me montre sur son téléphone un texte brut, haché des fautes que les algorithmes, qui n’y connaissent rien en poésie, n’ont pas pu corriger. Texte aussi brut que son parcours. Migrant, seul, perdu à quelques milliers de kilomètres de poussière de sa famille, on y tâte de la force, de la solitude, de la reconnaissance aussi envers ceux et celles qui l’ont aidé à pousser droit. Et le voilà devant moi. « J’ai beaucoup de textes, j’ai vu les vôtres dans la rue, là-bas, je voudrais publier. » Bonne idée. Mais ce ne sera pas facile. Continue à marcher. Tu es le fils du Baobab, ne l’oublie jamais, un repère dans le désert, un arbre qui nous délivre de la soif.