mardi 1 juillet 2025

Salernes, Terre à Terre!

 


Tu te trouves exactement au bon endroit pour voir quelque chose de beau. C'est sur un escalier de la vieille ville de Salernes, en Provence. Magnifique ville habitée de magnifiques personnes. 

Oui, il y a déjà dans le Var une galerie Timotéo! Ce sont les toilettes de Luce et Gauthier, au premier étage d'une petite maison de la place Gabriel Peri. Tous leurs amis y passent et ce lieu me fait une réputation solide avant même d'arriver. "Ah? C'est toi? dans les toilettes?" Oui. Et je vais pouvoir agrandir la collection : les places, les murs, le musée même (Magnifique musée de la céramique Terra Rossa), les fontaines, les escaliers vont découvrir mes mots. 







Et j'en profite pour afficher dans d'autres toilettes. Publiques, cette fois-ci. Que tout le monde puisse profiter de la popoésie en faisant pipi aussi!



lundi 23 juin 2025

Démocrapuscule, Présidangereux : l'IRTS à Reims devient école de poésie!

 



"L'inactivité physique augmente dans le monde." lit Celia. Julie revient sur cet incendie d'un immeuble où sont morts deux enfants, ici à Reims. Noémie nous lit un article sur Gaza et l'armée israëlienne qui a mis le feu à une école où s'étaient réfugiés des civils, femmes et enfants. Coraline ajoute "Quelle réaction des politiques français?" Marion trouve un article sur les hopitaux à Kiev que les Russes bombardent, Luciana parle du recrutement difficile autant pour les employeurs que pour les candidats. Matis approuve que nous mangeons trop de viande : 7 milliard d'animaux ont été abattus pour nourrir les 65 millions de Français! Angèle s'intéresse au sort des LGBT en Géorgie, Tom nous parle de Roland-Garros et Louise vise un article sur la place de l'Humain parmi le vivant : qui vit chez qui? Voilà les lectures de ce matin, extrait des journaux que j'ai amenés.

"Bien. Merci pour vos lectures attentives. Voici l'exercice de poésie : écrivez une lettre à un enfant du XXème siècle, sachant ce que vous savez maintenant."

L'exercice est dur. Mais la réponse est là, elle paraît entre leurs doigts : La Joie, la Beauté, émerveille-toi! Aime! fais de l'art!




Me voilà invité par l'IRTS, école supérieure de travailleurs sociaux, pour donner trois jours d'ateliers à de jeunes hommes et femmes qui veulent changer le monde. Bravo. Cela nous conduira au jour du "Festival des récits sociaux" sur la plaine poussiéreuse du TEMPS DES C(e)RISES. Chapiteau bleu et rouge, musique et danses, poésie des retrouvailles. Et un petit "Nous sommes une forêt de plumes" pour poser la crise sur le gateau.






Ménilmontant, mais oui Madame!

 


C'est nuit blanche à Paris. Julien Marcland, poète et comédien, occupe avec une dizaine de collègues de musique et de mots le Carré Baudoin, sur les hauteurs de Ménilmontant. C'est là qu'on peut crier, dire, parler, mais aussi coller des affiches ou tendre des banderoles au-dessus du paysage parisien qui s'étale à nos pieds. 




La police passe par hasard et me voit coller. "Vous savez que c'est interdit?" me demande l'homme cuirassé à la fenêtre de sa voiture. "Oui, je sais, dis-je." "Alors vous allez la décoller?" "Bon, je peux décoller celle-ci." Merci, dit encore la moustache. De rien. Je sais que j'en ai collées quinze autres dans le quartier. 





La soirée sera très belle en compagnie de Célestin DeMeeus, auteur d'une fabuleuse "Cavale russe" éditée chez Cheyne, puis de Tom Buron, de Estelle Dumortier et d'autres voix dont j'ai oublié malheureusement les prénoms. Il est une heure du matin lorsque s'éteignent les lampions.



lundi 2 juin 2025

Nellyla...voir de Lys.




Dimanche 1er juin, jour d'eau pour le lavoir de Lys, à Sassangy, en Bourgogne. Pour rendre hommage à notre lavoir et à la mémoire des lavandières qui y ont usé leur mains, Armelle Devigon (cie LLE) a décidé de l'occuper ce dimanche pour une grande lessive. Oui, il s'agissait de venir avec ses draps ou ses celeçons pour les frotter à la brosse et au savon naturel (à base de lierre) pendant que Nellyla, chanteuse à la voix nue, accompagnait nos gestes de ses notes célestes. Le moment fut magique. 

Oui, c'est le lavoir dont je vous ai parlé il y a quelques semaines. Mes affiches ont donc accompagné un moment unique dans l'histoire du hameau. Douze personnes à peine pour y assister. Mais les voix, les larmes, le linge, les corps plongés dans l'eau froide, tout a contribué à en faire un moment unique et mémorable. Nous nous en souviendrons. 

Poète national des écoles - dernière




Mardi 26 mai dernier, c'était mon ultime mission OCCE. Je quitte après 2 ans mon mandat de Poète National des Ecoles en Poésie dans une magnifique journée stéphanoise. Entendez par là que je me trouve à St Etienne (Loire) chez les Stéphanois, ville des six collines connue pour son club de foot, Manufrance, Bernard Lavilliers et sa langue régionnale le Gaga. 





La première école que je visite me paraît irréelle. Et pourtant. Je la décris : une école maternelle pour 180 élèves, 6 classes gardiennes où toutes les langues du quartier se croisent. Mais c'est aussi et surtout un musée du Street-Art (oui, vous lisez bien!) où une cinquantine d'artistes, peintres, graffeurs.euses, affichistes auront déjà lassé une trace. La dernière en date vient de Space Invader, et le directeur en a profité pour lancer avec les élèves et depuis la cour de récréation... un satellite photographieur! Plus difficile à croire : ils m'ont gardé un espace! J'affiche donc avant mon atelier en classe un superbe rhinocèros de 1m20 x 1m60 sur le mur des toilettes. Oui : face aux petites cuvettes alignées, juste au-dessus de la rangée de robinets chromés, il y a maintenant le nom de vingt ou trente fleurs revu et corrigé autour d'un massif animal linogravé. Les ateliers carburent. A cinq ans, ils inventent de nouveaux mots-valises qui éléphantastiquent ou jardinosaurent!




Et l'après-midi, la seconde école, tout aussi incroyable, m'invite à un interview radio. La technicienne a 10 ans, le journaliste en a 11 et le public présent entre 8 et 12. Ils posent des questions quand la techno lève la main, le micro est alors ouvert, la musique s'interromùpt et je dois finir par réciter un poème devant la boule de mousse jaune, les écouteurs sur les oreilles. 





Il faut rendre hommage à toustes ces intitutrices teurs, tous ces folous qui tiennent en main les adultes de demain. Bravo à toutes ces personnes formidablement motivé.es pour nous offrir des moments magnifiques et faire vivre à ces petits bouts de chou une vie unique et mémorable. Voilà les racines de ce qui pourrait être un bel avenir. A condition que les services d'inspection de l'Education nationale continuent à les laisser faire. Voilà, c'est dit. Merci merci merci l'OCCE. Merci toutes ces personnes formidables.

mardi 29 avril 2025

"Nous sommes une forêt de plumes" en tournée de printemps : Lorraine et Wallonie

 


Les tout premiers mots de ce spectacle que j'ai écrit en 2018 au fond d'une roulotte posée dans un jardin d'Esneux-Fontin, les tout premiers mots de ce livre APOCAPITALYPSE publié en 2020, en plein confinement, les tout premiers mots que nous avons répétés et répétés encore en 2022 et 2023 pour arriver à monter ce spectacle joué depuis à Ath, à Chalon-sur-Saone, à Chassepierre ou à Tournai, les tout tout premiers mots, dis-je, que je dois prononcer aujourd'hui samedi 19 avril 2025 au milieu du cloître historique de Huy bâti en1664 sans plus l'avoir joué depuis l'automne avant l'hiver avant ce printemps avant ce public avant ce ciel bleu, les tout premiers mots, je m'en souviens maintenant sont et restent : "Nous sommes aujourd'hui huit milliards d'assassins. Assassin président élu démocratiquement, assassin général d'armée, ..." Qui veut parler du monde d'aujourd'hui? Moi. 





Puis nous partons jouer en Lorraine. Thiaucourt d'abord, puis Vigneules, enfin Arcy sur Moselle.




En atelier poésie pour des ados :

- Est-ce qu'il vous est arrivé qu'un poème vous fasse pleurer?

- Oui, moi!

- Raconte?

- Je parvenais pas à le retenir par coeur. Alors mon père m'a tanné, et j'ai pleuré!




Pour la première fois, moment merveilleux, quand je cherche dans le public "Il nous faut un poème! Vite! Un poète ou une poétesse! Quelqu'un connaît un poème?" j'entends un "Oui, moi!" C'est un petit garçon de 5 ans. "Alors vas-y, dis-le!"

- C'est le printemps! Les arbres osent leurs feuilles, les fleurs sont habillées de blanc, c'est le printemps! C'est le printemps!

Les musiciens, émus, continuent de jouer. Je bégaie un peu, le moment est exceptionnel. Nous n'avons jamais connu ça. Et je reprends "Ca en fait un! Il me faut encore un poète! je veux dire, j'appelle Poète celui ou celle..." et je reprends mon texte.

C'est au moment des applaudissements que j'apprends qu'il s'appelle Arsène. J'ajoute "Retenez ce prénom. Dans 20 ou 30 ans, ce sera un grand poète. Et vous pourrez dire "je l'ai connu tout petit!"









C'est le printemps à Sassangy ! Nouvelles affiches sur le lavoir de Lys.

 



Le texte sous les coquelicots dit : 
Le Ciel est tout en guerre, les moineaux puent la cendre,
Les poissons se défoncent et nos mains sont à vendre
Nous allons vers l'hiver comme on va au collège
Naïfs et ignorants sous les chutes de lèvres
Espérant paradis et découvrant l'hiver
Des questions sans réponses.



Et celui sur les feuilles de la glycine dit :
Qui t'a appris à dire Je t'aime?
Qui t'a dit "Vois comme c'est beau!"
Personne.
Le ciel.
Personne.
La mer.
Une absence en bois de rose.
Alors
Dis-lui encore ce quelque chose.




Passez une belle journée!

lundi 14 avril 2025

N'oubile pas la Baueté du désodrde! Un nouveau livre.



disponible auprès de la maison d'édition : 


Ou chez moi, l'auteur : stephanetimoteo@gmail.com et avec grand plaisir!


 Un article (élogieux) de Philippe Leuckx :

<iframe src="https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3Dpfbid022cGDrAtf1zKD2PxnnyYuRGa2hBMd4yfgxWbSGFJ9ZaM6t54oW6zbrZnp9xPe4nDdl%26id%3D100009910783983&show_text=true&width=500" width="500" height="293" style="border:none;overflow:hidden" scrolling="no" frameborder="0" allowfullscreen="true" allow="autoplay; clipboard-write; encrypted-media; picture-in-picture; web-share"></iframe>


Un article (très élogieux) de Patrick Corneau :

<iframe src="https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpatrick.corneau%2Fposts%2Fpfbid0FVNUX5a9GBrjnEPRhoHSATmsJjcraJwiYaUua37PTvLB4ZvthseeKL8xDCDzuhPQl&show_text=true&width=500" width="500" height="704" style="border:none;overflow:hidden" scrolling="no" frameborder="0" allowfullscreen="true" allow="autoplay; clipboard-write; encrypted-media; picture-in-picture; web-share"></iframe>

Je ne garde que les articles élogieux...

Marche des philosophes 2025 : Les écoles et la beauté avant tout!

Tout commence autour d'un plat de spaghetti. Voilà le début du monde. Et demain démarre la Marche des Philosophes de cette année. La dixième. Le projet est un peu exceptionnel. Tout d'abord parce que c'est une commande : le Centre Culturel de Dinant nous invite et nous paie (!) dans le cadre du PECA (Ecoles, Art et Culture). Ensuite, parce que ce seront des ateliers scolaires (et non des spectacles) que nous allons donner, Armelle et moi. Nous voici donc dimanche 30 mars à Eghezee, prêts à démarrer autour d'une assiette de spaghetti avec à notre table Christophe Rolin, coordinateur général et Marie-Jeanne du CC Eclat pour une première étape demain à l'école de Liernu, à deux pas, dit-on, du pied d'un chêne millénaire.

Première question à la classe : C'est quoi, la beauté, les enfants?





Seconde question : si je dis avec Jacques Prévert 

La vie est une cerise

La mort est son noyau

L'amour, un cerisier, 

Comment pourrait-on remplacer la cerise pour parler de la vie?

- La Vie est une fleur, la Mort est une tondeuse, l'Amour, un grand bouquet! (Maïlie)

- La Vie est un caillou, la Mort est fissure, l'Amour une montagne! (Maxime)

- La Vie est un chemin, la Mort est une impasse, l'Amour, le voyage! (Zélia)

- La Vie c'est les maths, la Mort c'est les devoirs, l'Amour, le bulletin (Gianluca)




Et nous allons ainsi, à pied, de Liernu à Mazy, de Gembloux à Ligny, de Moustier-sur-Sambre à Ham (sur-Cendres? l'usine Solvay fait ici des dégâts visibles), longeant la Ligne ou la Sambre et ses méandres bétonnés. Nous dormons chez les habitants. Merci, Julie et Marc, merci Catherine pour la yourte, merci Bernard pour la ferme de Martinrou, jusqu'au gigantesque séminaire de Floreffe et ses airs de Poudlard de chez Harry Potter. A chaque classe, nous distribuons des cartes postales à destination de la classe suivante. "Vous offrez un cadeau de beauté. Vous allez à votre tour en recevoir un. Prenez-en bien soin!" Ils le font. Leur sourire en recevant la carte dessinée par un.e inconnu.e fait plaisir à voir. 




Oui, la beauté est irremplaçable. Elle nous nourrit, elle nous transforme. J'en veux pour preuve le bonheur de vivre cette expérience unique et riche. Rencontrer chaque jour de nouveaux visages, toucher de nouvelles mains, observer le dessin des enfants, leur course dans l'herbe pour imiter l'arbre ou la jonquille (photo), écouter leurs voix qui dictent un poème écrit à l'instant-même. L'amour a toute sa place dans cet émerveillement. 

Le retour est difficile. Acheter un journal sur le quai de la gare qui nous ramène chez nous me fait tomber des nues. LIRE que Donald Trump ajoué une scène de jeu télévisé pour annoncer officiellement le taux des taxes de douanes aux importations de différents pays est affligeant. LIRE que Vladimir Poutine tente encore d'écraser une ou deux villes d'Ukraine avant de faire semblant de signer des accords de paix est atterrant. LIRE que l'armée israëlienne tire volontairement sur les ambulances et les médecins qui agissent à Gaza est désespérant. Quelques vieillards blancs élus ivres de pouvoir jouent leurs dernières cartouches en massacrant ce qui n'est pas dans leur miroir propre. Et nous marchions pour apprendre aux enfants la liberté de voir, de nous émerveiller, de sourire. Nous dressions la Beauté comme rempart à la barbarie qui nous encercle. Pourvu que les quelques graines plantées là poussent un jour.

Merci aussi aux intervenants locaux (Marie-Jeanne de Eghezee, Thomas et Adrien de Sombreffe, Amélie de Ham, Isabelle de Floreffe) ainsi qu'aux instituteurs-trices impossible à nommer toustes pour leur patience et leur accueil magnifique!




dimanche 13 avril 2025

Festival Poët Poëtà Nice : un verre d'eau face à la mer

 Jeudi de mars. Premiers mots prononcés à Nice. Il est 21h dans le café tassé "La cava Romagnana", un micro est dressé depuis 20 ans tous les mercredis. Ce soir, des cheveux blancs, des ventres ivres, des révoltés au vieu squelette, des pansus usés penseurs, des femmes aussi qui viennent dire un mot. Merci. Bravo. Les poètes ne sont donc pas une espèce en voie de disparition. Dans la ville de Ben Vauthier, où tous les arrêts du tramway sont flanqués de ses mots écrits de sa main de son lourd pinceau de sa verve mouillée, il me semblait bien avoir perçu ces grains échappés de sa poche. On entend ce soir des poèmes en hollandais, en serbe, en moldave, en français de Nice ou de Belgique. C'est quoi, la poésie ? 

<iframe src="https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3Dpfbid0dr2DgtG67m7FF4v9DZRXjnYVkbHK5g3cqC8YWt95yGXCM4JtQrhyc9HzfA2qrZkel%26id%3D100009910783983&show_text=true&width=500" width="500" height="979" style="border:none;overflow:hidden" scrolling="no" frameborder="0" allowfullscreen="true" allow="autoplay; clipboard-write; encrypted-media; picture-in-picture; web-share"></iframe>


"Tous les poètes sont-ils barbus?" question de Paul, élève à l'école primaire Marcel Pagnol dans le village de Lagaude. Je n'ai pas de réponse, non, mais en croisant Mélanie Leblanc, je me dis que non. Le soir descend sur la montagne qui a plongé ses pieds dans la mer. Il y a de l'orage dans l'air. Bientôt les gouttes vont s'abattre, parfois violentes sur les vitres du théâtre, sur les pins maritimes et les cyprès accrochés de toutes leurs griffes aux parois rocheuses, sur les petites maisons serrées et couler dans les ruelles en escaliers. J'ai donné cet après-midi un atelier aux enfants d'ici, j'ai collé mes affiches au rez-de-chaussée puis j'ai interpelé la foule avec mon histoire de paquebot. 


Samedi, bibliothèque de Cap d'ail et sa vue magnifique sur la grande bleue. Dimanche, balade poétique dans le village d'Aiglun et ses parois rocheuses. De haut, bien plus haut que nous jusqu'en bas, bien plus bas que nos pauvres pieds posés sur la pauvre pierre, c'est de la montagne. L'ubac qui restera à l'ombre. Je peux me tenir debout dans une ligne de soleil. Lever ma tête vers les pics du sommet. Ouvrir les bras vers l'est et l'ouest. D'un côté, une cascade au loin qui tombe de 140m et trace son fil bleu sur un fond de forêt. De l'autre, tout aussi écartés, les trois toits d'un village lointain. Devant, les oliviers qui attendent de se voir taillés, tordus face à l'immensité, débarassés déjà de leurs olives qui trempent dans la saumure de la chambre où j'ai dormi (merci Patrick, merci Houda) C'est un immense livre ouvert, un paysage de corps offert, une lune pour moi tout seul, une Amérique vierge où tout semble possible. 

Je pense à Giono. Je pense à sa Provence que je touche du doigt. Je pense aux gens qui ont vécu ici quelques siècles avant l'automobile. Ils ont taillé des terrasses. Ils ont piégé quelques bêtes à fourrure. Ils ont élevé des ânes. Ils ont cueilli des olives et ne mangeaient presque rien. Je pense encore à Giono, ou plutôt à son Bobby. Je pense à ma joie. Que ma joie demeure, dis-je en le répétant. Ma joie d'exister, ma joie d'être poète, ma joie de lutter pour ce paysage-là et contre tout ce qui abîme, détruit, crochète, force, viole la beauté. Et merde. Une larme coule de ma paupière droite. Il est temps d'aller faire son poète.


Merci encore à Sabine Venaruzzo pour ce festival formidable ainsi qu'à l'équipe qui le met en place : Gabriel, Karina, tous les bénévoles... et j'en oublie. Je les embrasse.



mardi 11 mars 2025

Rire ensemble : la première pierre du Viaduc Sassangy-Bruxelles



Rire. Oui. Rire ensemble. Oh oui. La poésie se cache sous nos rires. Ce samedi 8 mars 2025 dans le petit village de Sassangy, en Bourgogne, nous avons rassemblé du monde pour rire ensemble. Dans le cadre du "Festival de la pierre" mis en place par la Communauté de Communes, les villageois se sont unis autour d'un thème unique et dérisoire, absurde et tellement parlant : nous posions au milieu de l'ancienne carrière la première pierre du viaduc Sassangy-Bruxelles avec discours du maire, présence du Ministre belge des affaires étranges, maquette et démontration des ingénieux ingénieurs plus vrais que nature, pelleteuse en ordre de marche et bruyants  manifestants.  




"Qui est vrai et qui est faux?" est devenu le jeu des 180 spectateurs.trices présent.es. On pouvait se demander qui de la sénatrice délirante (elle est vraie), de la déléguée aux affaires en cours (elle est fausse), du maire (il est vrai) ou du ministre belge (il est faux, mais on voterait bien pour lui), qui a dit le plus beau discours? Qui fut le plus convaincant.e?




En tout, 40 personnes étaient sur scène, sur le qui-vive pour près de deux heures de délire hilarant. Le conducteur de grue a ri. Notre ouvrier communal a ri. Les Belges qui habitent par ici ont ri. Et il reste dorénavant une plaque comémorative qui stipule au milieu des cailloux abandonnés au vent : "Ici, le 8 (ouit) mars 2025, fut posée la première pierre du viaduc Sassangy-Bruxelles par Monsieur Michel Boibière, bourgmestre de Sassangy". Le maire s'appelle Michel Boivin. Il en rit encore.




Avec le collectif Le Chien sur le toit, la Festive, la Batucada de Granges, la Cie LLE, la mairie de Sassangy, la participation de John-John Mossoux et l'appui de la ComCom Cote sud Chalonnaise. Photos de Pierre Acobas. Merci à lui!

jeudi 13 février 2025

Par ouï dire : Emission de l'émotion




Hier soir, 12 février 2025, dans les confins de la nuit où l'on attend un printemps, la voix de Christine Van Acker se fait entendre à a radio : "Marcher loin des écrans fait de nous des oiseaux" est un livre, oui, mais c'est aussi un poème de 801km". Ici commence une émission d'hommage à ce livre et à cette aventure qui me mena durant l'été 2021 de Namur à Brive-la-Gaillarde à pied, inscrivant chaque jour un poème sur un support croisé sur la route : panneau, vitre, palissade,... 

S'ensuivent un très beau texte de mon ami Aurélien Dony, des extraits de ce poème kilométrique, des récits, des témoignages de personnes croisées : Ladislas, Patrick, Vera. Et la voix émouvante de celle qui donne sens à mes jours aujourd'hui : Miss Univers. Oui, je l'ai rencontrée sur ce chemin là et comme le dit mon fils Emile, c'est la surprise, le but non recherché, le cadeau inattendu de ce voyage. 

A vous de découvir la version podcast de l'émission en cliquant ici :

https://auvio.rtbf.be/emission/par-oui-dire-272

et le livre est disponible chez moi (messenger Timotéo Sergoï), auprès de la maison d'édition (Arbre à paroles : https://www.maisondelapoesie.com/catalogue/marcher-loin-des-ecrans-fait-de-nous-des-oiseaux/) ou encore dans toute bonne librairie. 



lundi 3 février 2025

Marcher loin des écrans : soirée lecture à la Maison de la poésie de Amay (B)

Peu de mots pour dire une magnifique soirée. Je laisse parler les images.

Les éditions "l'arbre à paroles", sises à la Maison de la poésie de Amay (B) m'ont invité pour un apéro-poéVie le 25 janvier dernier. Un atelier, d'abord, qui a rassemblé 16 personnes autour de petits Post-it poétiques disséminés le soir-même dans la ville, sur les portes, les bancs, les poteaux. O surprise : le lendemain, le Fb de la Commune d'Amay en parle!

 



Ensuite, c'est David Gianonni qui prend la parole pour présenter le premier livret (Bookleg) de Camille Coomans. Bravo, Camille, c'est un magnifique début! 

Tout à coup débarque Aurélien Dony qui a manqué son train et court. Il doit s'asseoir et lire des extraits de mon livre "Marcher loin des écrans fait de nous des oiseaux". Il le fait à merveille. Je partage avec ma voix ces moments de grâce, dans un silence fleuri de soupirs. Les magnifiques photos de Paul Jacobs en sont témoins.

















Enfin, si vous voulez revivre ce moment, vous pouvez toujours le revoir sur le fil de Fb. Le lien est ici : 



Marcher loin des écrans : une lettre de Emmanuel Faber!



Vous vous en souvenez peut-être, ma grande marche de l'été 2021 qui me mena de Namur (B) à Brive-la-Gaillarde (F-19), soit 801km, était rythmée d'un poème écrit chaque jour sur un mur ou un support public. Ce long poème aux voix multiples et au ton anti-capitaliste se basait sur une histoire vraie, celle de M. Emmanuel Faber. Cet homme d'affaire fut directeur de Danone France (soit 100000 employés) et gardait en tête l'énorme tâche de préparer son entrerpise à la Transition écologique. Il a donc réduit la différence de salaire Homme-Femme, préféré les emballages recyclables, favorisé les produits bio,... et s'est retrouvé mis à la porte par les actionnairtes mécontents de voir descedre leur dividende! S'il gèrait cela en bon père de la terre entière en épargnant à nos enfants l'enfer de la malbouffe, il ne rapportait pas assez de pognon à ces misérables.

J'avais donc fait de lui le centre de ma réflexion : si un capitaine du capital ne pouvait changer le monde à coups de milions et d'investissements, que peut faire un misérable poète qui écrit sur les murs? Qui peut réellement changer le monde? Diogène ou Alexandre le Grand?  La question reste ouverte. 

La surprise est arrivée vendredi 7 novembre dernier parmi mes e-mails.  Je lui avais fait parvenir, via son éditeur, un exemplaire de mon livre. Il l'a lu et m'en remercie en ces mots :


Cher Stéphane, - si vous me le permettez

 

Merci pour l’exemplaire de votre livre que vous m'avez fait parvenir. Je suis très touché par votre attention, par votre intention, avec ce livre.

Touché de retrouver dans les mots que vous avez égrené au fil des kilomètres ceux que j’ai prononcés, entendus, ceux qui ont peuplé mon existence et mes expériences pendant ces 24 ans dans cette entreprise, jusqu'au Bangladesh.

 

Par ailleurs, à la fois votre point de départ et votre point d'arrivée ont du sens pour moi. C'est à Namur que l'on m'a remis le prix de l'économie régénérative en 2021. Et Brive abrite l'usine de Blédina dont je me suis efforcé de faire le centre de nos productions en bio pour l'alimentation infantile. Je m'y suis rendu plusieurs fois pour suivre les progrès. Et peut-être vos petits-enfants ont-il à l’occasion goûté certaines de ses recettes.

 

Merci pour cette résonance. Oui nous partageons sans doute ce même combat, chacun avec ce qui nous a été donné pour le mener, unique donc nécessaire, chacun sur notre chemin vers un même but, sans doute, par delà l’horizon de l’espace et du temps.

Merci encore et bon chemin à vous.

 

"La beauté sauvera le monde."


Emmanuel Faber.





Cela vaut la peine de vous le transmettre, non?


mercredi 20 novembre 2024

Lons-le-Saunier : le fils du Baobab

 





Il se tient debout devant mon petit stand librairie. Sourire d’ébène, grand corps sénégalais habillé de chaud pour résister à l’hiver jurassien. C’est à Lons-le-saunier, où je suis venu installer des banderoles en ville et donner ds ateliers au collège, que nous nous rencontrons. « Je suis poète ! » affirme-t-il. Bien. J’acquiesce. « Mon grand-père, au Sénégal, était poète-griot. Et il m’a transmis ! » Ah oui, très bien. « On m’appelle le fils du Baobab » Enchanté, sincèrement enchanté. Et il me montre sur son téléphone un texte brut, haché des fautes que les algorithmes, qui n’y connaissent rien en poésie, n’ont pas pu corriger. Texte aussi brut que son parcours. Migrant, seul, perdu à quelques milliers de kilomètres de poussière de sa famille, on y tâte de la force, de la solitude, de la reconnaissance aussi envers ceux et celles qui l’ont aidé à pousser droit. Et le voilà devant moi. « J’ai beaucoup de textes, j’ai vu les vôtres dans la rue, là-bas, je voudrais publier. » Bonne idée. Mais ce ne sera pas facile. Continue à marcher. Tu es le fils du Baobab, ne l’oublie jamais, un repère dans le désert, un arbre qui nous délivre de la soif.








jeudi 17 octobre 2024

Samedi, Lille Wazemmes

 - Adam, ta longue barbe en bataille n'est plus très à la mode, tu sais. Cela ne convient pas dans notre foule propre, riante, dynamique et prometteuse d'achats!




Je pense à cette phrase que j'ai prononcée cet après-midi debout sur un container à verre en face du terrain de football du quartier de Wazemmes, à Lille. Les enfants footbalistes lachent un instant du regard le goal et l'arbitre pour venir crier, les mains dans le filet, "M'sieur, m'sieur, après, il faudra un ortographe!" Oui, oui, après...


Je suis au milieu de leur quartier, entre les quatre tours immeubles MAGENTA en béton, verre, plastique bon marché, en plâtre en poudre, en pavés prêts à voler. L'asso "Troisième virage à gauche" m'y a invité. Leur bureau minuscule et sans fenêtre enferme des paquets de papiers, demandes de sub, autorisations, situations de familles et projets artistiques à développer entre ces murs et ce ciel de pluie. Ils le font. Ils m'invitent. Ils invitent un artiste par semaine ou presque. Mais ils le font, oui, et le public arrive.




Nous avons démarré à huit devant le rhinocéros collé sur la vitrine d'un magasin abandonné. Puis sur la sortie de secours et sa porte de métal. Troisième étape : la rampe pour les handicapés et les poussettes qui mène au city-stade. Ensuite viennent le container à verre, le parc avec son jardin partagé (Où est la beauté? Dis-je elle est partout! Vous l'avez aussi chez vous!) Un coin de rue lugubre où nous dérangeons le dealer de service pour écrire à la craie "Google, ta gueule!". Enfin le pas de porte de l'association IRIS, quand la fenêtre s'ouvre sur une famile qui assiste au final depuis son premier étage. Oui, nous avons touché du monde. Outre les huit du début (restés fidèles sous la pluie), plusieurs familles, gamins à vélo, mères en poussette, pères flasques ou ados sur écran ont suivi. Ils ont ri, applaudi, crié. Voilà du théâtre comme j'aime à le pratiquer depuis 40 ans : pour tout le monde, sous le ciel, parlant poésie les yeux dans les yeux, hors festival. 

- Adam, ta longue barbe n'est plus très à la mode...




Oui, je sais. A présent, je suis rentré à l'hôtel. C'est un hôtel majuscule, néons, faux bois, chambre large et vitres claires posé à côté du centre commercial Lillenium dont les enseignes brilleront toute la nuit entre escalators et musique d'ascenseur. Il est 21h, je suis épuisé. Une douche chaude, puis je demande à la réception où je peux manger "Dans le centre commercial, monsieur, c'est ouvert jusque 22h"


La musique est entraînante, riante, dynamique et prometteuse d'achats. Elle crie trop fort. Les escalators sont bleus, lumineux, automatiques et les vitrines resteront allumées. et ce soir j'ai le choix : Burger Quick? Burger king? ou Burger corner? Ma longue barbe ne convient pas dans ce décor propre, dynamique et prometteur de vide, c'est vrai.