lundi 28 juillet 2025

Voix Vives, festival de Sète!


J'étais la semaine dernière à Troyes, me voici à Sète. La prochane fois, je serai à Carantan puis à St Quentin, enfin à Ouissant!

(sur l'image : Marc-Alexandre Oho Bamba sur la barque voisine de la mienne. Impossible de prendre en photo sa propre barque avec l'horizon aussi bleu!)

Stupide introduction pour raconter un moment formidable : le festival de poésie de Sète "Voix vives", le long de la Méditerrannée, où se croisent durant dix jours poètes, poétesses, éditeurices, auteurices, amateurices et nombre de piétons embarqués bien involontairement dans la grande aventure de la poésie. Formidable moment, oui, car au milieu des rues, du marché, de la place de la mairie ou le long de la mer, une bonne trentaine d'auteurices disent, récitent, anoncent, clament leurs mots avec l'espoir, peut-être, que ce souffle puisse transformer le monde.



On y a croisé Aurélien Dony en duo magique avec Laurence Vielle, le Belge Arnaud Delcorte, les Français.es Patrick Dubosc, Céline DeSaër, Antoine Simon ou Sabine Venaruzzo, Nassuf Djailanipro de Mayotte ou Marc Alexandre Oho Bamba du Cameroun, sans compter des dizaines d'autres dont le nom m'échappe. Il y a tant à raconter, tant à rencontrer, tant à vivre!






Je profite d'un matin blême et désert pour coller quelques affiches illégales. Hop.





Tout ceci a été rendu possible, en ce qui me concerne, grâce à l'équipe des éditions Maelström. David Gianoni, tout d'abord, l'inépuisable foi en la force de la poésie de chez nous, et la quinzaine de personnes qui travaillent, engagés ou bénévoles, pour que cette librairie belge puisse tenir sur la place : Milla, Kali, Kev, Théo, Davide, Fabian, et cette tribu de volontaires : Michaël Lambert, Camille Coomans, Laura, Roxane,  Emma, tous les autres, où êtes vous sinon contre nos coeurs?



Quelques images laissent encore à rêver de soleil et de mots doux. Reste à attendre l'an prochain ou la prochaine invitation pour revenir voir la mer à toute heure et écouter les mots à tout moment.

Merci aussi à Pierre Vanderstapen, Wallonie-Bruxelles à Paris, pour son aide précieuse en ce projet.





mercredi 16 juillet 2025

Les obéisseurs de l'Aube


"Je voulais vous dire : on a cherché après votre poème de 801km de long : on a retrouvé celui-ci sur le pont qui passe au-dessus du canal. Oui, il est toujours là, qutre ans après! Mais le suivant sur la bulle à verre, ben... Ils ont eu le temps de la changer ou de la nettoyer. Elle n'y est plus. Le km 354, il est où? A l'univresité de Troyes? Pas trouvé. Mais l'autre, oui! Ah, j'étais content!"

C'est Hervé de la bibliothèque départementale de l'Aube. Ils m'ont invité pour une tournée de quatre bibliothèques locales : Nogent sur Seine, Villenauxe, Plancy l'Abbaye et Bréviandes.





Chaque matin, un atelier linogravure. Si le public n'est pas nombreux, les bibliothécaires y participent. Chaque midi, collage d'affiches. Soit dans les rues avoisinantes, si la mairie l'accorde, soit entre les rayons des livres. Et chaque fin d'après-midi, je joue mon Poketo poketo poketo poumpoumpoum pour ceux et celles qui y sont.




Et bien sûr, j'ai joué pour 6 personnes. Six personnes qui riaient et cinq sièges vides. 

Et bien sûr que j'ai collé sur des murs où personne ne passe. 

Et bien sûr que j'ai laissé un livre sur le banc où personne ne viendra s'asseoir.

Mais l'important n'est-il pas ailleurs? J'aime entretenir cette idée que le geste compte avant toute chose. Que celui du semeur ne sait en rien où la graine va tomber, mais il la lance. Et comme à cette table du festin de Noël avec sa "place du pauvre", j'aurai joué pour des fauteuils vides, collé pour les arbres, posé un livre pour les réverbères. Et après?

Oui, voilà la question : et après? Que s'est-il passé après? Un passant ? Une perdue? Une impatiente éberluée? Un avide du coeur? Un affamé de la langue dans ce désert où un seul arbre pousse, celui que j'aurai planté sans en connaître jamais l'ombre? Voilà tout ce que je peux penser. Mais continuer à vivre, oui, continuer à semer, continuer à peindre des mots blancs sur le macadam noir, Oui. 




C'Mouvoir, festival de Poésie à Champs sur Tarentaine

Quatre juillet. Un essaim d'abeilles traverse la place du village. Comme des milliers d'avions minuscules, à hauteur de tête ou à peine plus haut qui avancent lentement d'un arbre à l'autre, de leur ancien lieu de vie à celui qu'elles vont choisir. Chaque corps humain s'éloigne, se baisse ou se cache dans sa maison ou sa voiture. L'évenement est important. Devant ces migrants-là qui butinent nos fleurs pour que nous ayons des fruits, nous devons baisser la tête. Les saluer avec respect.















Je suis en train de peindre quelques phrases sur le sol de macadam avec mon hôte Olivier : "Ce qui se rêve en nous, voilà la clef d'u nouveau ciel!" Plus loin, là où les autos se garent, il y a "Arrêt minute". Trois coups de pinceau le transforment en deux poèmes : "On n'arrête pas le regret" et "Une minute plus vieux que tout à l'heure." Dix autres phrases vont de l'école à la mairie, de l'office du tourisme à l'entrée du festival. Je finis par un AH?, poème en deux lettres devant la terrasse du café.








Formidable festival où l'on a croisé cet été Jacques Rebotier, Mélanie Leblanc, Céline de Saër, Julien Marcland ou le spectacle "Fantôme" du collectif La Méandre.

mardi 1 juillet 2025

Salernes, Terre à Terre!

 


Tu te trouves exactement au bon endroit pour voir quelque chose de beau. C'est sur un escalier de la vieille ville de Salernes, en Provence. Magnifique ville habitée de magnifiques personnes. 

Oui, il y a déjà dans le Var une galerie Timotéo! Ce sont les toilettes de Luce et Gauthier, au premier étage d'une petite maison de la place Gabriel Peri. Tous leurs amis y passent et ce lieu me fait une réputation solide avant même d'arriver. "Ah? C'est toi? dans les toilettes?" Oui. Et je vais pouvoir agrandir la collection : les places, les murs, le musée même (Magnifique musée de la céramique Terra Rossa), les fontaines, les escaliers vont découvrir mes mots. 







Et j'en profite pour afficher dans d'autres toilettes. Publiques, cette fois-ci. Que tout le monde puisse profiter de la popoésie en faisant pipi aussi!



lundi 23 juin 2025

Démocrapuscule, Présidangereux : l'IRTS à Reims devient école de poésie!

 



"L'inactivité physique augmente dans le monde." lit Celia. Julie revient sur cet incendie d'un immeuble où sont morts deux enfants, ici à Reims. Noémie nous lit un article sur Gaza et l'armée israëlienne qui a mis le feu à une école où s'étaient réfugiés des civils, femmes et enfants. Coraline ajoute "Quelle réaction des politiques français?" Marion trouve un article sur les hopitaux à Kiev que les Russes bombardent, Luciana parle du recrutement difficile autant pour les employeurs que pour les candidats. Matis approuve que nous mangeons trop de viande : 7 milliard d'animaux ont été abattus pour nourrir les 65 millions de Français! Angèle s'intéresse au sort des LGBT en Géorgie, Tom nous parle de Roland-Garros et Louise vise un article sur la place de l'Humain parmi le vivant : qui vit chez qui? Voilà les lectures de ce matin, extrait des journaux que j'ai amenés.

"Bien. Merci pour vos lectures attentives. Voici l'exercice de poésie : écrivez une lettre à un enfant du XXème siècle, sachant ce que vous savez maintenant."

L'exercice est dur. Mais la réponse est là, elle paraît entre leurs doigts : La Joie, la Beauté, émerveille-toi! Aime! fais de l'art!




Me voilà invité par l'IRTS, école supérieure de travailleurs sociaux, pour donner trois jours d'ateliers à de jeunes hommes et femmes qui veulent changer le monde. Bravo. Cela nous conduira au jour du "Festival des récits sociaux" sur la plaine poussiéreuse du TEMPS DES C(e)RISES. Chapiteau bleu et rouge, musique et danses, poésie des retrouvailles. Et un petit "Nous sommes une forêt de plumes" pour poser la crise sur le gateau.






Ménilmontant, mais oui Madame!

 


C'est nuit blanche à Paris. Julien Marcland, poète et comédien, occupe avec une dizaine de collègues de musique et de mots le Carré Baudoin, sur les hauteurs de Ménilmontant. C'est là qu'on peut crier, dire, parler, mais aussi coller des affiches ou tendre des banderoles au-dessus du paysage parisien qui s'étale à nos pieds. 




La police passe par hasard et me voit coller. "Vous savez que c'est interdit?" me demande l'homme cuirassé à la fenêtre de sa voiture. "Oui, je sais, dis-je." "Alors vous allez la décoller?" "Bon, je peux décoller celle-ci." Merci, dit encore la moustache. De rien. Je sais que j'en ai collées quinze autres dans le quartier. 





La soirée sera très belle en compagnie de Célestin DeMeeus, auteur d'une fabuleuse "Cavale russe" éditée chez Cheyne, puis de Tom Buron, de Estelle Dumortier et d'autres voix dont j'ai oublié malheureusement les prénoms. Il est une heure du matin lorsque s'éteignent les lampions.



lundi 2 juin 2025

Nellyla...voir de Lys.




Dimanche 1er juin, jour d'eau pour le lavoir de Lys, à Sassangy, en Bourgogne. Pour rendre hommage à notre lavoir et à la mémoire des lavandières qui y ont usé leur mains, Armelle Devigon (cie LLE) a décidé de l'occuper ce dimanche pour une grande lessive. Oui, il s'agissait de venir avec ses draps ou ses celeçons pour les frotter à la brosse et au savon naturel (à base de lierre) pendant que Nellyla, chanteuse à la voix nue, accompagnait nos gestes de ses notes célestes. Le moment fut magique. 

Oui, c'est le lavoir dont je vous ai parlé il y a quelques semaines. Mes affiches ont donc accompagné un moment unique dans l'histoire du hameau. Douze personnes à peine pour y assister. Mais les voix, les larmes, le linge, les corps plongés dans l'eau froide, tout a contribué à en faire un moment unique et mémorable. Nous nous en souviendrons. 

Poète national des écoles - dernière




Mardi 26 mai dernier, c'était mon ultime mission OCCE. Je quitte après 2 ans mon mandat de Poète National des Ecoles en Poésie dans une magnifique journée stéphanoise. Entendez par là que je me trouve à St Etienne (Loire) chez les Stéphanois, ville des six collines connue pour son club de foot, Manufrance, Bernard Lavilliers et sa langue régionnale le Gaga. 





La première école que je visite me paraît irréelle. Et pourtant. Je la décris : une école maternelle pour 180 élèves, 6 classes gardiennes où toutes les langues du quartier se croisent. Mais c'est aussi et surtout un musée du Street-Art (oui, vous lisez bien!) où une cinquantine d'artistes, peintres, graffeurs.euses, affichistes auront déjà lassé une trace. La dernière en date vient de Space Invader, et le directeur en a profité pour lancer avec les élèves et depuis la cour de récréation... un satellite photographieur! Plus difficile à croire : ils m'ont gardé un espace! J'affiche donc avant mon atelier en classe un superbe rhinocèros de 1m20 x 1m60 sur le mur des toilettes. Oui : face aux petites cuvettes alignées, juste au-dessus de la rangée de robinets chromés, il y a maintenant le nom de vingt ou trente fleurs revu et corrigé autour d'un massif animal linogravé. Les ateliers carburent. A cinq ans, ils inventent de nouveaux mots-valises qui éléphantastiquent ou jardinosaurent!




Et l'après-midi, la seconde école, tout aussi incroyable, m'invite à un interview radio. La technicienne a 10 ans, le journaliste en a 11 et le public présent entre 8 et 12. Ils posent des questions quand la techno lève la main, le micro est alors ouvert, la musique s'interromùpt et je dois finir par réciter un poème devant la boule de mousse jaune, les écouteurs sur les oreilles. 





Il faut rendre hommage à toustes ces intitutrices teurs, tous ces folous qui tiennent en main les adultes de demain. Bravo à toutes ces personnes formidablement motivé.es pour nous offrir des moments magnifiques et faire vivre à ces petits bouts de chou une vie unique et mémorable. Voilà les racines de ce qui pourrait être un bel avenir. A condition que les services d'inspection de l'Education nationale continuent à les laisser faire. Voilà, c'est dit. Merci merci merci l'OCCE. Merci toutes ces personnes formidables.

mardi 29 avril 2025

"Nous sommes une forêt de plumes" en tournée de printemps : Lorraine et Wallonie

 


Les tout premiers mots de ce spectacle que j'ai écrit en 2018 au fond d'une roulotte posée dans un jardin d'Esneux-Fontin, les tout premiers mots de ce livre APOCAPITALYPSE publié en 2020, en plein confinement, les tout premiers mots que nous avons répétés et répétés encore en 2022 et 2023 pour arriver à monter ce spectacle joué depuis à Ath, à Chalon-sur-Saone, à Chassepierre ou à Tournai, les tout tout premiers mots, dis-je, que je dois prononcer aujourd'hui samedi 19 avril 2025 au milieu du cloître historique de Huy bâti en1664 sans plus l'avoir joué depuis l'automne avant l'hiver avant ce printemps avant ce public avant ce ciel bleu, les tout premiers mots, je m'en souviens maintenant sont et restent : "Nous sommes aujourd'hui huit milliards d'assassins. Assassin président élu démocratiquement, assassin général d'armée, ..." Qui veut parler du monde d'aujourd'hui? Moi. 





Puis nous partons jouer en Lorraine. Thiaucourt d'abord, puis Vigneules, enfin Arcy sur Moselle.




En atelier poésie pour des ados :

- Est-ce qu'il vous est arrivé qu'un poème vous fasse pleurer?

- Oui, moi!

- Raconte?

- Je parvenais pas à le retenir par coeur. Alors mon père m'a tanné, et j'ai pleuré!




Pour la première fois, moment merveilleux, quand je cherche dans le public "Il nous faut un poème! Vite! Un poète ou une poétesse! Quelqu'un connaît un poème?" j'entends un "Oui, moi!" C'est un petit garçon de 5 ans. "Alors vas-y, dis-le!"

- C'est le printemps! Les arbres osent leurs feuilles, les fleurs sont habillées de blanc, c'est le printemps! C'est le printemps!

Les musiciens, émus, continuent de jouer. Je bégaie un peu, le moment est exceptionnel. Nous n'avons jamais connu ça. Et je reprends "Ca en fait un! Il me faut encore un poète! je veux dire, j'appelle Poète celui ou celle..." et je reprends mon texte.

C'est au moment des applaudissements que j'apprends qu'il s'appelle Arsène. J'ajoute "Retenez ce prénom. Dans 20 ou 30 ans, ce sera un grand poète. Et vous pourrez dire "je l'ai connu tout petit!"









C'est le printemps à Sassangy ! Nouvelles affiches sur le lavoir de Lys.

 



Le texte sous les coquelicots dit : 
Le Ciel est tout en guerre, les moineaux puent la cendre,
Les poissons se défoncent et nos mains sont à vendre
Nous allons vers l'hiver comme on va au collège
Naïfs et ignorants sous les chutes de lèvres
Espérant paradis et découvrant l'hiver
Des questions sans réponses.



Et celui sur les feuilles de la glycine dit :
Qui t'a appris à dire Je t'aime?
Qui t'a dit "Vois comme c'est beau!"
Personne.
Le ciel.
Personne.
La mer.
Une absence en bois de rose.
Alors
Dis-lui encore ce quelque chose.




Passez une belle journée!

lundi 14 avril 2025

N'oubile pas la Baueté du désodrde! Un nouveau livre.



disponible auprès de la maison d'édition : 


Ou chez moi, l'auteur : stephanetimoteo@gmail.com et avec grand plaisir!


 Un article (élogieux) de Philippe Leuckx :

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Un article (très élogieux) de Patrick Corneau :

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Je ne garde que les articles élogieux...

Marche des philosophes 2025 : Les écoles et la beauté avant tout!

Tout commence autour d'un plat de spaghetti. Voilà le début du monde. Et demain démarre la Marche des Philosophes de cette année. La dixième. Le projet est un peu exceptionnel. Tout d'abord parce que c'est une commande : le Centre Culturel de Dinant nous invite et nous paie (!) dans le cadre du PECA (Ecoles, Art et Culture). Ensuite, parce que ce seront des ateliers scolaires (et non des spectacles) que nous allons donner, Armelle et moi. Nous voici donc dimanche 30 mars à Eghezee, prêts à démarrer autour d'une assiette de spaghetti avec à notre table Christophe Rolin, coordinateur général et Marie-Jeanne du CC Eclat pour une première étape demain à l'école de Liernu, à deux pas, dit-on, du pied d'un chêne millénaire.

Première question à la classe : C'est quoi, la beauté, les enfants?





Seconde question : si je dis avec Jacques Prévert 

La vie est une cerise

La mort est son noyau

L'amour, un cerisier, 

Comment pourrait-on remplacer la cerise pour parler de la vie?

- La Vie est une fleur, la Mort est une tondeuse, l'Amour, un grand bouquet! (Maïlie)

- La Vie est un caillou, la Mort est fissure, l'Amour une montagne! (Maxime)

- La Vie est un chemin, la Mort est une impasse, l'Amour, le voyage! (Zélia)

- La Vie c'est les maths, la Mort c'est les devoirs, l'Amour, le bulletin (Gianluca)




Et nous allons ainsi, à pied, de Liernu à Mazy, de Gembloux à Ligny, de Moustier-sur-Sambre à Ham (sur-Cendres? l'usine Solvay fait ici des dégâts visibles), longeant la Ligne ou la Sambre et ses méandres bétonnés. Nous dormons chez les habitants. Merci, Julie et Marc, merci Catherine pour la yourte, merci Bernard pour la ferme de Martinrou, jusqu'au gigantesque séminaire de Floreffe et ses airs de Poudlard de chez Harry Potter. A chaque classe, nous distribuons des cartes postales à destination de la classe suivante. "Vous offrez un cadeau de beauté. Vous allez à votre tour en recevoir un. Prenez-en bien soin!" Ils le font. Leur sourire en recevant la carte dessinée par un.e inconnu.e fait plaisir à voir. 




Oui, la beauté est irremplaçable. Elle nous nourrit, elle nous transforme. J'en veux pour preuve le bonheur de vivre cette expérience unique et riche. Rencontrer chaque jour de nouveaux visages, toucher de nouvelles mains, observer le dessin des enfants, leur course dans l'herbe pour imiter l'arbre ou la jonquille (photo), écouter leurs voix qui dictent un poème écrit à l'instant-même. L'amour a toute sa place dans cet émerveillement. 

Le retour est difficile. Acheter un journal sur le quai de la gare qui nous ramène chez nous me fait tomber des nues. LIRE que Donald Trump ajoué une scène de jeu télévisé pour annoncer officiellement le taux des taxes de douanes aux importations de différents pays est affligeant. LIRE que Vladimir Poutine tente encore d'écraser une ou deux villes d'Ukraine avant de faire semblant de signer des accords de paix est atterrant. LIRE que l'armée israëlienne tire volontairement sur les ambulances et les médecins qui agissent à Gaza est désespérant. Quelques vieillards blancs élus ivres de pouvoir jouent leurs dernières cartouches en massacrant ce qui n'est pas dans leur miroir propre. Et nous marchions pour apprendre aux enfants la liberté de voir, de nous émerveiller, de sourire. Nous dressions la Beauté comme rempart à la barbarie qui nous encercle. Pourvu que les quelques graines plantées là poussent un jour.

Merci aussi aux intervenants locaux (Marie-Jeanne de Eghezee, Thomas et Adrien de Sombreffe, Amélie de Ham, Isabelle de Floreffe) ainsi qu'aux instituteurs-trices impossible à nommer toustes pour leur patience et leur accueil magnifique!




dimanche 13 avril 2025

Festival Poët Poëtà Nice : un verre d'eau face à la mer

 Jeudi de mars. Premiers mots prononcés à Nice. Il est 21h dans le café tassé "La cava Romagnana", un micro est dressé depuis 20 ans tous les mercredis. Ce soir, des cheveux blancs, des ventres ivres, des révoltés au vieu squelette, des pansus usés penseurs, des femmes aussi qui viennent dire un mot. Merci. Bravo. Les poètes ne sont donc pas une espèce en voie de disparition. Dans la ville de Ben Vauthier, où tous les arrêts du tramway sont flanqués de ses mots écrits de sa main de son lourd pinceau de sa verve mouillée, il me semblait bien avoir perçu ces grains échappés de sa poche. On entend ce soir des poèmes en hollandais, en serbe, en moldave, en français de Nice ou de Belgique. C'est quoi, la poésie ? 

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"Tous les poètes sont-ils barbus?" question de Paul, élève à l'école primaire Marcel Pagnol dans le village de Lagaude. Je n'ai pas de réponse, non, mais en croisant Mélanie Leblanc, je me dis que non. Le soir descend sur la montagne qui a plongé ses pieds dans la mer. Il y a de l'orage dans l'air. Bientôt les gouttes vont s'abattre, parfois violentes sur les vitres du théâtre, sur les pins maritimes et les cyprès accrochés de toutes leurs griffes aux parois rocheuses, sur les petites maisons serrées et couler dans les ruelles en escaliers. J'ai donné cet après-midi un atelier aux enfants d'ici, j'ai collé mes affiches au rez-de-chaussée puis j'ai interpelé la foule avec mon histoire de paquebot. 


Samedi, bibliothèque de Cap d'ail et sa vue magnifique sur la grande bleue. Dimanche, balade poétique dans le village d'Aiglun et ses parois rocheuses. De haut, bien plus haut que nous jusqu'en bas, bien plus bas que nos pauvres pieds posés sur la pauvre pierre, c'est de la montagne. L'ubac qui restera à l'ombre. Je peux me tenir debout dans une ligne de soleil. Lever ma tête vers les pics du sommet. Ouvrir les bras vers l'est et l'ouest. D'un côté, une cascade au loin qui tombe de 140m et trace son fil bleu sur un fond de forêt. De l'autre, tout aussi écartés, les trois toits d'un village lointain. Devant, les oliviers qui attendent de se voir taillés, tordus face à l'immensité, débarassés déjà de leurs olives qui trempent dans la saumure de la chambre où j'ai dormi (merci Patrick, merci Houda) C'est un immense livre ouvert, un paysage de corps offert, une lune pour moi tout seul, une Amérique vierge où tout semble possible. 

Je pense à Giono. Je pense à sa Provence que je touche du doigt. Je pense aux gens qui ont vécu ici quelques siècles avant l'automobile. Ils ont taillé des terrasses. Ils ont piégé quelques bêtes à fourrure. Ils ont élevé des ânes. Ils ont cueilli des olives et ne mangeaient presque rien. Je pense encore à Giono, ou plutôt à son Bobby. Je pense à ma joie. Que ma joie demeure, dis-je en le répétant. Ma joie d'exister, ma joie d'être poète, ma joie de lutter pour ce paysage-là et contre tout ce qui abîme, détruit, crochète, force, viole la beauté. Et merde. Une larme coule de ma paupière droite. Il est temps d'aller faire son poète.


Merci encore à Sabine Venaruzzo pour ce festival formidable ainsi qu'à l'équipe qui le met en place : Gabriel, Karina, tous les bénévoles... et j'en oublie. Je les embrasse.



mardi 11 mars 2025

Rire ensemble : la première pierre du Viaduc Sassangy-Bruxelles



Rire. Oui. Rire ensemble. Oh oui. La poésie se cache sous nos rires. Ce samedi 8 mars 2025 dans le petit village de Sassangy, en Bourgogne, nous avons rassemblé du monde pour rire ensemble. Dans le cadre du "Festival de la pierre" mis en place par la Communauté de Communes, les villageois se sont unis autour d'un thème unique et dérisoire, absurde et tellement parlant : nous posions au milieu de l'ancienne carrière la première pierre du viaduc Sassangy-Bruxelles avec discours du maire, présence du Ministre belge des affaires étranges, maquette et démontration des ingénieux ingénieurs plus vrais que nature, pelleteuse en ordre de marche et bruyants  manifestants.  




"Qui est vrai et qui est faux?" est devenu le jeu des 180 spectateurs.trices présent.es. On pouvait se demander qui de la sénatrice délirante (elle est vraie), de la déléguée aux affaires en cours (elle est fausse), du maire (il est vrai) ou du ministre belge (il est faux, mais on voterait bien pour lui), qui a dit le plus beau discours? Qui fut le plus convaincant.e?




En tout, 40 personnes étaient sur scène, sur le qui-vive pour près de deux heures de délire hilarant. Le conducteur de grue a ri. Notre ouvrier communal a ri. Les Belges qui habitent par ici ont ri. Et il reste dorénavant une plaque comémorative qui stipule au milieu des cailloux abandonnés au vent : "Ici, le 8 (ouit) mars 2025, fut posée la première pierre du viaduc Sassangy-Bruxelles par Monsieur Michel Boibière, bourgmestre de Sassangy". Le maire s'appelle Michel Boivin. Il en rit encore.




Avec le collectif Le Chien sur le toit, la Festive, la Batucada de Granges, la Cie LLE, la mairie de Sassangy, la participation de John-John Mossoux et l'appui de la ComCom Cote sud Chalonnaise. Photos de Pierre Acobas. Merci à lui!