jeudi 9 octobre 2025

mon vingtième livre : L'éclat du rire!

 



Voici mon vingtième livre!
Les éditions Transboréal (Paris) connaissent mon travail pour en avoir déjà publié deux livres : "Le Triomphe du saltimbanque" en 2011 puis "Blaise Cendrars, brasier d'étoiles filantes" en 2014. Ils sont spécialistes des écrits d'errance et tiennent ici une collection intitulée "Petite philosophie de voyage". Parmi les titres de la collection, des thèmes allant de l'ivresse de la marche ou des plaisirs de l'aquarelle. 

Voici un thème qui manquait sans doute : le rire à travers le monde!
Et comme mon expérience fut riche en voyages et en rires sous toutes les latitudes durant cette période de 2000 à 2015 où j'ai fait le tour de la terre de Madagascar à Singapour en passant par les Galapagos ou la Palestine, les anecdotes fusent et ne se répètent jamais. Comment faire rire un Inuit? Les Japonais font-ils plus de bruit?  Faut-il traduire un spectacle de mime?
Des réponses à ces questions, des éclats de rire dans le désert ou la montagne, des mystères amusant au fond des valises, je vous invite à découvrir ce vol pour une destination universelle. 

un extrait : 
"La mer que l'on croit habitée de larmes éclate de rire à chaque instant. Les corneilles, que l'on pense faites de plumes, éclatent de rire à chaque instant. Les forges, que l'on imagine pesantes de plomb, éclatent de rire à chaque instant. Et nos gorges, que l'on sait faites de chair, avalent les larmes en attendant le printemps quotidien de la farce du jour."

Ca s'appelle donc "L'éclat du Rire" et c'est sorti sous mon vrai nom (occasion rare) Stéphane Georis
ISBN 978-2-36157-358-4

on peut le commander chez transboréal :

ou bien auprès de moi par e-mail
stephanetimoteo (arobaz) gmail.com

ou encore dans toute bonne librairie.

16000 vues!! Le rôle de l'Art n'est plus de sauver le monde


(photo Paul Jacobs)


Incroyable! cette petite vidéo filmée dans la caravane où je logeais en Belgique un soir de septembre a fait déjà 16000 vues! 

https://www.facebook.com/share/v/1DZnoKV14S/

Je tiens à en publier le texte écrit :


A chaque coup de feu tiré par un soldat

A chaque immeuble rasé à Gaza

A chaque dictateur élu démocratiquement

A chaque discours ou geste de haine

L'artiste se dit 

Voilà, j'ai raté. Je n'y suis pas arrivé. Je travaille chaque jour d'arrache-pied pour un monde plus beau, une paix plus tenace, pour un peu plus d'amour

et j'ai failli. Ca ne marchera jamais, c'est foutu.

Mais la question n'est pas là. 

La question n'est pas là, non. Comme un médicament qui maintient les battemnts du coeur dans un corps qui se noie dans la maladie, simple béta-bloquant ou ou anti-coagulant, le rôle de l'Art n'est pas de sortir de l'enfer de la maladie. Il ne guérira jamais le monde. Les Hommes, les mâles surtout, auront toujours cet aveugle besoin de détruire, de conquérir, de posséder, d'arracher, de poursuivre, de tuer, de violer, de maudire, même si leur mère leur a appris à aimer et qu'ils en sont capables.

Non, le rôle de l'Art n'est pas de sauver le monde en le guérissant du cancer de la haine. Il sera aujourd'hui de maintenir les battements de son coeur. 

J'ai beaucoup voyagé. J'ai vu des dictatures, des quartiers pauvres, des invasions et j'ai joué en Palestine à plusieurs occasions. Je peux vous dire qu'il y a toujours eu un violoniste, une conteuse d'histoires, une flûte ou le sourire d'une femme peint sur un mur, un homme qui chante ou une danseuse au milieu des pires situations. Voilà notre rôle.

En ce monde qui s'annonce douloureux, nous devons maintenir tous les coeurs qui battent. Tous.

Ne lâchez pas vos plumes. Ne cessez jamais d'être beaux, belles, chantez, jouez, dessinez, écrivez!

Ne lâchez pas vos plumes. Elles tresseront demain les couronnes des enfants-rois.

Courage.


Septembre 25


Et merci aux centaines de lecteurs qui ont partagé!

mardi 2 septembre 2025

RUE DU BOCAGE fête ses trente ans!




J'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose sur la table de la cuisine et de le retrouver trente ans après. Depuis lors, j'avais oublié ce que j'avais oublié. C'était un théâtre.

C'est ce théâtre-là dont j'ai toujours rêvé. Un théâtre sans réservations, sans élite sans long discours, sans quatrième mur, sans troisième mur, sans murs du tout. A 12 ans, je rêvais de ça exactement lorsqu'on m'emmenait voir mon père s'endormir sur les banquettes du Théâtre National sous l'enseigne Martini qui tournoyait son alcool cuit au-dessus des toits de Bruxelles. Nous étions en 1976.

C'est ce théâtre-là qui m'a passionné. Un théâtre qui rimait avec le mot Fête, avec le mot Cirque, avec le regard du public complice et qui voyageait en roulottes ou en camions à chevaux pour s'installer sur les places. A 16 ans, je rêvais de ça exactement quand je courais voir les Baladins du Miroir, le Cirque du trottoir ou le Magic-Land Théâtre sur la place de la Monnaie de Bruxelles, entre les jets d'eau glacée et les colonnes blanches de l'Opéra Royal. Nous étions en 1982.

C'est ce théâtre-là que j'ai tenté de faire. Un théâtre sans décor où l'on blanchit sa face avec le miroir des vitrines, où l'on improvise un mot entre la poubelle et la fanfare qui passe, entre un supermarché et un réverbère éteint sans savoir exactement si c'est du cirque ou de la marionnette. On se définit Saltimbanque, mi trompettiste, mi-jongleur qui déclame Molière ou Cervantès. A 18 ans, je voulais ça exactement quand j'ai quitté mes parents pour aller faire la manche sur les digues d'Ostende avant même d'entrer à l'IAD (une grande école de théâtre) pour une courte année. Nous étions en 1984.

C'est ce théâtre-là encore que j'ai fondé avec Geneviève Cabodi et la Compagnie des chemins de terre. Un théâtre itinérant, voyageur, pour les villages sans théâtre, pour surprendre le badaud entre la boucherie et la banque ou sur la place un soir de fête foraine. A 22 ans, je rêvais d'élever mes enfants comme sur les gravures de Daumier, de Gustave Doré ou de Picasso. Une famille de saltimbanques s'est installée à Charneux. Nous étions en 1988.

C'est ce théâtre-là que j'ai voulu partager dans les rue de Herve. Un théâtre surprenant dont la seule définition reste le lieu où il se donne : le pavé de la ville. Est-ce du théâtre seulement? A 31 ans, derrière la porte de l'Hôtel de ville qui avait servi de loges, je m'apprêtais à jouer un Don Quichotte habillé de boîtes à conserves, une couscoussière sur la tête, accompagné par un Sancho Pança (Jean-Louis Lemal) bedonnant et bégayant "Le cochon, le saucisson, les oignons et le vautchon!" Nous étions en 1996 et nous nous apprêtions à jouer le tout premier spectacle du tout premier festival de rue de Herve. Cela s'appelait alors Bitume et l'idée revenait à Patrick Donnay. Guy Daron et Jean-Marie Ruwet furent très vite complices. Quelques spectateurs ont osé passer la porte, curieux de découvrir ce théâtre-là.

Et nous voilà ce soir, disait le grand Jacques. Je retrouve cet objet posé sur la table. Trente ans ont passé. C'est ce théâtre-là dont je rêve toujours, et le relais a été refilé à d'autre Herviens-Herviennes (Baptiste Dellicour ou Audrey, entre autres) dignes de la tâche. Merci, merci merci. Quant à moi, je le pratique toujours, oui, et je joue cet après-midi à 16h sur la place de l'église. J'ai 60 ans et croyez-moi, c'est ce théâtre-là qui me maintient en vie. 

(discours prononcé lors de la modeste cérémonie d'anniversaire des trente ans du festival.)














Les photos sont de Thierry Lavagnini. Merci.

lundi 28 juillet 2025

Voix Vives, festival de Sète!


J'étais la semaine dernière à Troyes, me voici à Sète. La prochane fois, je serai à Carantan puis à St Quentin, enfin à Ouissant!

(sur l'image : Marc-Alexandre Oho Bamba sur la barque voisine de la mienne. Impossible de prendre en photo sa propre barque avec l'horizon aussi bleu!)

Stupide introduction pour raconter un moment formidable : le festival de poésie de Sète "Voix vives", le long de la Méditerrannée, où se croisent durant dix jours poètes, poétesses, éditeurices, auteurices, amateurices et nombre de piétons embarqués bien involontairement dans la grande aventure de la poésie. Formidable moment, oui, car au milieu des rues, du marché, de la place de la mairie ou le long de la mer, une bonne trentaine d'auteurices disent, récitent, anoncent, clament leurs mots avec l'espoir, peut-être, que ce souffle puisse transformer le monde.



On y a croisé Aurélien Dony en duo magique avec Laurence Vielle, le Belge Arnaud Delcorte, les Français.es Patrick Dubosc, Céline DeSaër, Antoine Simon ou Sabine Venaruzzo, Nassuf Djailanipro de Mayotte ou Marc Alexandre Oho Bamba du Cameroun, sans compter des dizaines d'autres dont le nom m'échappe. Il y a tant à raconter, tant à rencontrer, tant à vivre!






Je profite d'un matin blême et désert pour coller quelques affiches illégales. Hop.





Tout ceci a été rendu possible, en ce qui me concerne, grâce à l'équipe des éditions Maelström. David Gianoni, tout d'abord, l'inépuisable foi en la force de la poésie de chez nous, et la quinzaine de personnes qui travaillent, engagés ou bénévoles, pour que cette librairie belge puisse tenir sur la place : Milla, Kali, Kev, Théo, Davide, Fabian, et cette tribu de volontaires : Michaël Lambert, Camille Coomans, Laura, Roxane,  Emma, tous les autres, où êtes vous sinon contre nos coeurs?



Quelques images laissent encore à rêver de soleil et de mots doux. Reste à attendre l'an prochain ou la prochaine invitation pour revenir voir la mer à toute heure et écouter les mots à tout moment.

Merci aussi à Pierre Vanderstapen, Wallonie-Bruxelles à Paris, pour son aide précieuse en ce projet.





mercredi 16 juillet 2025

Les obéisseurs de l'Aube


"Je voulais vous dire : on a cherché après votre poème de 801km de long : on a retrouvé celui-ci sur le pont qui passe au-dessus du canal. Oui, il est toujours là, qutre ans après! Mais le suivant sur la bulle à verre, ben... Ils ont eu le temps de la changer ou de la nettoyer. Elle n'y est plus. Le km 354, il est où? A l'univresité de Troyes? Pas trouvé. Mais l'autre, oui! Ah, j'étais content!"

C'est Hervé de la bibliothèque départementale de l'Aube. Ils m'ont invité pour une tournée de quatre bibliothèques locales : Nogent sur Seine, Villenauxe, Plancy l'Abbaye et Bréviandes.





Chaque matin, un atelier linogravure. Si le public n'est pas nombreux, les bibliothécaires y participent. Chaque midi, collage d'affiches. Soit dans les rues avoisinantes, si la mairie l'accorde, soit entre les rayons des livres. Et chaque fin d'après-midi, je joue mon Poketo poketo poketo poumpoumpoum pour ceux et celles qui y sont.




Et bien sûr, j'ai joué pour 6 personnes. Six personnes qui riaient et cinq sièges vides. 

Et bien sûr que j'ai collé sur des murs où personne ne passe. 

Et bien sûr que j'ai laissé un livre sur le banc où personne ne viendra s'asseoir.

Mais l'important n'est-il pas ailleurs? J'aime entretenir cette idée que le geste compte avant toute chose. Que celui du semeur ne sait en rien où la graine va tomber, mais il la lance. Et comme à cette table du festin de Noël avec sa "place du pauvre", j'aurai joué pour des fauteuils vides, collé pour les arbres, posé un livre pour les réverbères. Et après?

Oui, voilà la question : et après? Que s'est-il passé après? Un passant ? Une perdue? Une impatiente éberluée? Un avide du coeur? Un affamé de la langue dans ce désert où un seul arbre pousse, celui que j'aurai planté sans en connaître jamais l'ombre? Voilà tout ce que je peux penser. Mais continuer à vivre, oui, continuer à semer, continuer à peindre des mots blancs sur le macadam noir, Oui. 




C'Mouvoir, festival de Poésie à Champs sur Tarentaine

Quatre juillet. Un essaim d'abeilles traverse la place du village. Comme des milliers d'avions minuscules, à hauteur de tête ou à peine plus haut qui avancent lentement d'un arbre à l'autre, de leur ancien lieu de vie à celui qu'elles vont choisir. Chaque corps humain s'éloigne, se baisse ou se cache dans sa maison ou sa voiture. L'évenement est important. Devant ces migrants-là qui butinent nos fleurs pour que nous ayons des fruits, nous devons baisser la tête. Les saluer avec respect.















Je suis en train de peindre quelques phrases sur le sol de macadam avec mon hôte Olivier : "Ce qui se rêve en nous, voilà la clef d'u nouveau ciel!" Plus loin, là où les autos se garent, il y a "Arrêt minute". Trois coups de pinceau le transforment en deux poèmes : "On n'arrête pas le regret" et "Une minute plus vieux que tout à l'heure." Dix autres phrases vont de l'école à la mairie, de l'office du tourisme à l'entrée du festival. Je finis par un AH?, poème en deux lettres devant la terrasse du café.








Formidable festival où l'on a croisé cet été Jacques Rebotier, Mélanie Leblanc, Céline de Saër, Julien Marcland ou le spectacle "Fantôme" du collectif La Méandre.

mardi 1 juillet 2025

Salernes, Terre à Terre!

 


Tu te trouves exactement au bon endroit pour voir quelque chose de beau. C'est sur un escalier de la vieille ville de Salernes, en Provence. Magnifique ville habitée de magnifiques personnes. 

Oui, il y a déjà dans le Var une galerie Timotéo! Ce sont les toilettes de Luce et Gauthier, au premier étage d'une petite maison de la place Gabriel Peri. Tous leurs amis y passent et ce lieu me fait une réputation solide avant même d'arriver. "Ah? C'est toi? dans les toilettes?" Oui. Et je vais pouvoir agrandir la collection : les places, les murs, le musée même (Magnifique musée de la céramique Terra Rossa), les fontaines, les escaliers vont découvrir mes mots. 







Et j'en profite pour afficher dans d'autres toilettes. Publiques, cette fois-ci. Que tout le monde puisse profiter de la popoésie en faisant pipi aussi!



lundi 23 juin 2025

Démocrapuscule, Présidangereux : l'IRTS à Reims devient école de poésie!

 



"L'inactivité physique augmente dans le monde." lit Celia. Julie revient sur cet incendie d'un immeuble où sont morts deux enfants, ici à Reims. Noémie nous lit un article sur Gaza et l'armée israëlienne qui a mis le feu à une école où s'étaient réfugiés des civils, femmes et enfants. Coraline ajoute "Quelle réaction des politiques français?" Marion trouve un article sur les hopitaux à Kiev que les Russes bombardent, Luciana parle du recrutement difficile autant pour les employeurs que pour les candidats. Matis approuve que nous mangeons trop de viande : 7 milliard d'animaux ont été abattus pour nourrir les 65 millions de Français! Angèle s'intéresse au sort des LGBT en Géorgie, Tom nous parle de Roland-Garros et Louise vise un article sur la place de l'Humain parmi le vivant : qui vit chez qui? Voilà les lectures de ce matin, extrait des journaux que j'ai amenés.

"Bien. Merci pour vos lectures attentives. Voici l'exercice de poésie : écrivez une lettre à un enfant du XXème siècle, sachant ce que vous savez maintenant."

L'exercice est dur. Mais la réponse est là, elle paraît entre leurs doigts : La Joie, la Beauté, émerveille-toi! Aime! fais de l'art!




Me voilà invité par l'IRTS, école supérieure de travailleurs sociaux, pour donner trois jours d'ateliers à de jeunes hommes et femmes qui veulent changer le monde. Bravo. Cela nous conduira au jour du "Festival des récits sociaux" sur la plaine poussiéreuse du TEMPS DES C(e)RISES. Chapiteau bleu et rouge, musique et danses, poésie des retrouvailles. Et un petit "Nous sommes une forêt de plumes" pour poser la crise sur le gateau.






Ménilmontant, mais oui Madame!

 


C'est nuit blanche à Paris. Julien Marcland, poète et comédien, occupe avec une dizaine de collègues de musique et de mots le Carré Baudoin, sur les hauteurs de Ménilmontant. C'est là qu'on peut crier, dire, parler, mais aussi coller des affiches ou tendre des banderoles au-dessus du paysage parisien qui s'étale à nos pieds. 




La police passe par hasard et me voit coller. "Vous savez que c'est interdit?" me demande l'homme cuirassé à la fenêtre de sa voiture. "Oui, je sais, dis-je." "Alors vous allez la décoller?" "Bon, je peux décoller celle-ci." Merci, dit encore la moustache. De rien. Je sais que j'en ai collées quinze autres dans le quartier. 





La soirée sera très belle en compagnie de Célestin DeMeeus, auteur d'une fabuleuse "Cavale russe" éditée chez Cheyne, puis de Tom Buron, de Estelle Dumortier et d'autres voix dont j'ai oublié malheureusement les prénoms. Il est une heure du matin lorsque s'éteignent les lampions.



lundi 2 juin 2025

Nellyla...voir de Lys.




Dimanche 1er juin, jour d'eau pour le lavoir de Lys, à Sassangy, en Bourgogne. Pour rendre hommage à notre lavoir et à la mémoire des lavandières qui y ont usé leur mains, Armelle Devigon (cie LLE) a décidé de l'occuper ce dimanche pour une grande lessive. Oui, il s'agissait de venir avec ses draps ou ses celeçons pour les frotter à la brosse et au savon naturel (à base de lierre) pendant que Nellyla, chanteuse à la voix nue, accompagnait nos gestes de ses notes célestes. Le moment fut magique. 

Oui, c'est le lavoir dont je vous ai parlé il y a quelques semaines. Mes affiches ont donc accompagné un moment unique dans l'histoire du hameau. Douze personnes à peine pour y assister. Mais les voix, les larmes, le linge, les corps plongés dans l'eau froide, tout a contribué à en faire un moment unique et mémorable. Nous nous en souviendrons. 

Poète national des écoles - dernière




Mardi 26 mai dernier, c'était mon ultime mission OCCE. Je quitte après 2 ans mon mandat de Poète National des Ecoles en Poésie dans une magnifique journée stéphanoise. Entendez par là que je me trouve à St Etienne (Loire) chez les Stéphanois, ville des six collines connue pour son club de foot, Manufrance, Bernard Lavilliers et sa langue régionnale le Gaga. 





La première école que je visite me paraît irréelle. Et pourtant. Je la décris : une école maternelle pour 180 élèves, 6 classes gardiennes où toutes les langues du quartier se croisent. Mais c'est aussi et surtout un musée du Street-Art (oui, vous lisez bien!) où une cinquantine d'artistes, peintres, graffeurs.euses, affichistes auront déjà lassé une trace. La dernière en date vient de Space Invader, et le directeur en a profité pour lancer avec les élèves et depuis la cour de récréation... un satellite photographieur! Plus difficile à croire : ils m'ont gardé un espace! J'affiche donc avant mon atelier en classe un superbe rhinocèros de 1m20 x 1m60 sur le mur des toilettes. Oui : face aux petites cuvettes alignées, juste au-dessus de la rangée de robinets chromés, il y a maintenant le nom de vingt ou trente fleurs revu et corrigé autour d'un massif animal linogravé. Les ateliers carburent. A cinq ans, ils inventent de nouveaux mots-valises qui éléphantastiquent ou jardinosaurent!




Et l'après-midi, la seconde école, tout aussi incroyable, m'invite à un interview radio. La technicienne a 10 ans, le journaliste en a 11 et le public présent entre 8 et 12. Ils posent des questions quand la techno lève la main, le micro est alors ouvert, la musique s'interromùpt et je dois finir par réciter un poème devant la boule de mousse jaune, les écouteurs sur les oreilles. 





Il faut rendre hommage à toustes ces intitutrices teurs, tous ces folous qui tiennent en main les adultes de demain. Bravo à toutes ces personnes formidablement motivé.es pour nous offrir des moments magnifiques et faire vivre à ces petits bouts de chou une vie unique et mémorable. Voilà les racines de ce qui pourrait être un bel avenir. A condition que les services d'inspection de l'Education nationale continuent à les laisser faire. Voilà, c'est dit. Merci merci merci l'OCCE. Merci toutes ces personnes formidables.

mardi 29 avril 2025

"Nous sommes une forêt de plumes" en tournée de printemps : Lorraine et Wallonie

 


Les tout premiers mots de ce spectacle que j'ai écrit en 2018 au fond d'une roulotte posée dans un jardin d'Esneux-Fontin, les tout premiers mots de ce livre APOCAPITALYPSE publié en 2020, en plein confinement, les tout premiers mots que nous avons répétés et répétés encore en 2022 et 2023 pour arriver à monter ce spectacle joué depuis à Ath, à Chalon-sur-Saone, à Chassepierre ou à Tournai, les tout tout premiers mots, dis-je, que je dois prononcer aujourd'hui samedi 19 avril 2025 au milieu du cloître historique de Huy bâti en1664 sans plus l'avoir joué depuis l'automne avant l'hiver avant ce printemps avant ce public avant ce ciel bleu, les tout premiers mots, je m'en souviens maintenant sont et restent : "Nous sommes aujourd'hui huit milliards d'assassins. Assassin président élu démocratiquement, assassin général d'armée, ..." Qui veut parler du monde d'aujourd'hui? Moi. 





Puis nous partons jouer en Lorraine. Thiaucourt d'abord, puis Vigneules, enfin Arcy sur Moselle.




En atelier poésie pour des ados :

- Est-ce qu'il vous est arrivé qu'un poème vous fasse pleurer?

- Oui, moi!

- Raconte?

- Je parvenais pas à le retenir par coeur. Alors mon père m'a tanné, et j'ai pleuré!




Pour la première fois, moment merveilleux, quand je cherche dans le public "Il nous faut un poème! Vite! Un poète ou une poétesse! Quelqu'un connaît un poème?" j'entends un "Oui, moi!" C'est un petit garçon de 5 ans. "Alors vas-y, dis-le!"

- C'est le printemps! Les arbres osent leurs feuilles, les fleurs sont habillées de blanc, c'est le printemps! C'est le printemps!

Les musiciens, émus, continuent de jouer. Je bégaie un peu, le moment est exceptionnel. Nous n'avons jamais connu ça. Et je reprends "Ca en fait un! Il me faut encore un poète! je veux dire, j'appelle Poète celui ou celle..." et je reprends mon texte.

C'est au moment des applaudissements que j'apprends qu'il s'appelle Arsène. J'ajoute "Retenez ce prénom. Dans 20 ou 30 ans, ce sera un grand poète. Et vous pourrez dire "je l'ai connu tout petit!"









C'est le printemps à Sassangy ! Nouvelles affiches sur le lavoir de Lys.

 



Le texte sous les coquelicots dit : 
Le Ciel est tout en guerre, les moineaux puent la cendre,
Les poissons se défoncent et nos mains sont à vendre
Nous allons vers l'hiver comme on va au collège
Naïfs et ignorants sous les chutes de lèvres
Espérant paradis et découvrant l'hiver
Des questions sans réponses.



Et celui sur les feuilles de la glycine dit :
Qui t'a appris à dire Je t'aime?
Qui t'a dit "Vois comme c'est beau!"
Personne.
Le ciel.
Personne.
La mer.
Une absence en bois de rose.
Alors
Dis-lui encore ce quelque chose.




Passez une belle journée!