jeudi 2 mars 2023

Verviers, ville des mots, ville des maux.

 




Verviers, ville détruite, démontée, écroulée. Et qu’un poème ne relèvera jamais. « Pépinière d’artistes » disait mon père qui ne venait pas de là. Rapsat, Maurane, Anciaux, Guy Cabay, Steve Houben pour la musique. Henri Vieuxtemps déjà. Hausman, Cabodi, Macherot, Deliège, Leloup pour les beaux-arts. Il n’en manque pas, c’est vrai. Aujourd’hui, en collant mes cent affiches, je me souviens que j’y ai habité aussi. Mais où sont les boutiques ? Qui sont les piétons ?





Une vague islamophobe il y a 5 ou 10 ans a fait de cette agglomération une cité-cœur du terrorisme parce que trois musulmans y concoctaient des plans machiavéliques. Déjà la ville s’est vidée, couverte de poussière.





Puis l’an dernier une vague, bien réelle, d’eau et de cailloux a dégorgé de la Vesdre, la rivière de la ville, qui circulait entre les rues, pour engloutir les magasins, les vitrines, les voiture et les postes électriques, emmener les balcons, détruire les monuments, dévaler les escaliers, grimper aux étages et dévorer le plâtre des plafonds.





Il ne reste du Verviers que j’ai connu que quelques rues difficiles et défoncées. Des travaux partout. Des barrières pour ne pas circuler. Des pelleteuses qui déversent la caillasse dans le tambour immense et métallique des camions-bennes poussiéreux et le biip-biip insupportable de ces engins de chantier pour remplacer les mouettes qui se perchaient sur la rambarde du quai.





Je colle cent poèmes sur les murs et les portes vitrées de tous les magasins vides. A vendre. Chaussures vides. A vendre. Restaurant aux tables dressées. A vendre. Boulangerie sans plus de pain. A vendre. Vitrine de l’horlogerie. A vendre. Ni bijoux, ni jouets, ni vêtements de noces. A vendre. Comptoir de poussière et puis d’oubli. A vendre. Le soleil est là pourtant qui annonce le printemps des chairs. Verviers fut ville de laine. Les horloges lui tricotent une layette avec deux aiguilles de patience. La ville renaîtra un jour, un matin comme celui-ci est promis déjà.

Alors je colle la centième affiche qui dit « Ne serions-nous pas nés pour vivre cet instant précis ? »

Sans doute. Oui.





A l’invitation du centre Culturel de Verviers, merci Laurianne, et dans le cadre de l’opération Verviers ville des mots (FWB). Info : 087 39 30 60. Les photos sont de Christian-Marc Chandelle. merci.




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