lundi 9 mai 2022

Sassangy, Sassanbon!

Plus de photos ici

La France est toute devant sa télévision. Toute? non, car un petit village résiste encore et toujours à l'envahisseur! Sassangy est un petit coin tranquille de Bourgogne, à deux pas de Chalon-sur-Saône, et avec Armelle Devigon, de la compagnie LLE (prononcez deux ailes E), nous avons semé là des graines de poésie. 


La collaboration sent bon l'amour et la folie. On inventerait n'importe quoi pourvu que cela paraisse d'abord impossible. 

Et pour commencer, le village s'appellera SASSANBON plutôt que Sassangy. Tous les panneaux indicateurs et les flèches des environs seront changé certain lundi matin à la colle à tapisser et au papier machine. On le sait, la première pluie l'emportera, mais peu importe : le rêve a commencé d'exister.

Puis, durant la semaine, tout s'emballe petit à petit. Le mardi, ce sont quelques affiches Timotéo qui garniront intempestivement l'abribus, la grange communale, la façade de la mairie,...




Le mercredi, ce sont les rues qui changeront de nom. Notre rencontre avec Raymond, l'un des anciens du village, véritable bibliothèque vivante qui nous raconte devant une tasse de café (ou un verre de Bourgogne) toutes les histoires de son ancien bistro. De là, les rues se nomment bientôt "Place de la locomobile", "Rue des enfants sans vélo", "Rue Vous savez pas" ou la très étrange "Place du quincailler corniste et du boucher noctambule" sortie directement de ses magnifiques histoires à dormir debout.  





Alors vient le jeudi, et les fleurs dans les boîtes aux lettres. Dans le local exigu de la mairie, l'équipe (Armelle, Sylvie, François, Sarah, Chantal et moi) rassemblons les bouquets de fleurs des champs cueillies le matin même. Armelle y joint une carte qu'elle a imprimée en linogravure la veille, un lien de raphia pour lier le tout et le tour du village est entamé : 80 boîtes aux lettres. Une règle d'or : ne jamais refuser l'apéritif. Nous sommes en Bourgogne.






Vendredi, jour du poisson, nous trouvons tout autre chose : et si nous écrivions le prénom de chaque habitant du village sur le macadam? Cela fera la promenade de dimanche prochain, si tout le monde veut y lire son nom. Et voilà le travail.




Bien. Il reste samedi, et des tas de choses à faire. Alors nous poserons des miroirs aux trois fontaines.




Et nous suspendrons quinze attrape-rêves dans le chemin de bois de buis. Hop!




Puis nous inventons le mouton Oui-Non, le seul animal qui puisse faire oracle. Grâce à Jean-Pierre et Fabienne, bergers complices, ces braves bêtes portent dorénavant les mots OUI sur le flanc gauche et NON sur le flanc droit. Posez-leur des questions du style "Fera-t-il beau pour aller à la pêche?" ou "Madame le Maire sera-t-elle réélue?" , courez un instant dans la prairie pour mélanger les cartes et lisez l'oracle. Oui? Non? Le jeu peut durer longtemps.


Enfin, le dimanche, épuisés par tant d'idées et de belles volontés, tout le monde se rendra sous le hangar à tracteurs, entre la Peugeot déclassée et les meubles de cuisine écroulés, juste en face de ce four à pain qui ne tournait plus depuis belle lurette. Ca y est, on l'a rallumé, et chacun a apporté un pâton. La cheminée fume. Ludovic a sorti sa batterie et invité trois amis musiciens. Les bouteilles de blanc et de crémant d'ici sont sur la table. On peut danser et raconter sa semaine. 



Peu d'entre eux le savaient : la poésie change le monde. Quelques uns le pensaient impossible : la poésie est partout, sur le dos des moutons, sur les plaques d'indication routière, sur le macadam ou dans le rétroviseur. Beaucoup d'entre eux ne se connaissaient pas avant cette semaine. C'est maintenant chose faite. Oui, la poésie change le monde. On l'a prouvé avec Armelle et LLE. On l'a montré avec Sarah, François, Sylvie, Chantal et Dorian, avec Jean-Pierre et Fabienne, avec Emmanuel et Sylvie. On l'a réussi avec la complicité d'une mairie complice. Merci. Merci. Merci.


Plus de photos 

Aucun commentaire: