jeudi 9 avril 2020

Les cages thoraciques





Les cages thoraciques


Ed. Le Cormier, Bxl, 2016, 72p.



Mais qu'est-ce?



Un recueil de poésie, de textes courts dans une très belle édition que nous réserve le Cormier. L'exergue éclaire déjà en annonçant "Nous sommes tous les survivants de la douleur d'aimer." Mais il s'agit aussi de sourire en lisant par exemple : "Le poisson prend un bain tous les jours. N'empêche, une fois mort, il pue, dit un proverbe de la forêt."

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Extrait :



" Tes mains ne sont pas douces, mais elles sont chaudes
Mon sang ne promet rien, mais il est ocre
Tes yeux ne sont pas clairs, mais ils se brisent
Mes joues, mes dents, mes plis
Une jambe, une attache que tu ouvres
Et nous voici de bois de buis
Un regard, un mouvement qui entrebâille
Et nous voici de béton frais
Une nuit. Une nuit (une nuit!)
Et nous voici faits de limaille. "


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J'accepte de mourir en ces minutes-là
Qui me montrent le ciel et ses failles étoilées
Les fissures en plâtre de la voûte céleste 
Où je plonge un instant, tout couvert de lilas
De caresses profondes, de parfums embaumé
où je pense " Je pars " tout alors que je reste (p.11)


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Ils disent :



(...) Voilà donc, au Cormier, un livre de poésie qui déroge à l’austérité habituelle de la maison. Il y a ici de la vie, de la vie, de l’inventive vie (« je m’en mourrai »), avec ce brin de Séchan Renaud reconnaissable. Le jeu anaphorique (sans le pesant de certains auteurs qui en abusent et c’est là lourd et là c’est lourd) énonce quelques joies de rythme, réjouissant et plaisant à l’oreille, si le vers chante aussi bien. (...)


                                               Philippe Leuckx 



" Timotéo Sergoï ? Déjà entendu parler ? Non ? Moi, j’imagine ceci : Timotéo Sergoï voyage, va partout dans le monde, à Melbourne, Sydney, Moscou, y montre ses marionnettes, y vit sa vie d’homme de théâtre, se frotte à la vie comme elle va, à la rude, dans les grandes cités, écrit entre deux avions, entre deux cafés, mais, a priori, pas directement à propos de ce qu’il aura vu, entendu,  côtoyé, et pas directement à propos de ses misères, états d’âme personnels. 

Timotéo Sergoï serait, a priori, plutôt du genre à ne mettre en avant, dans ses poèmes, ni ses tourments, ni ses humeurs, ni ses rencontres. C’est que Timotéo Sergoï serait plutôt du genre à aimer la facétie, les mécaniques poétiques, les poèmes qui s’écrivent 
« tout seuls », je veux dire : les poèmes qui seraient comme des pièges à rêves, qui une fois lancés donnent l’impression de ne jamais s’arrêter, tant ils débordent de joie et de plaisir, tant leur auteur laisse la part belle à la langue elle-même, au plaisir qu’il y a à enchaîner mot sur mot, phrase sur phrase.(...) "


Vincent Tholomé - Le carnet et les instants
                                       

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