Le triomphe du saltimbanque
Ed Transboréales (Paris) mai 2011
Mais qu'est-ce ?
Publié sous mon vrai nom - Stéphane Georis - voici une réflexion sur mon métier : artiste de rue.
La collection "Petite philosophie de voyage" m'invite à glorifier l'art du saltimbanque. Par la magie d'un geste, la drôlerie d'un clin d'oeil, et la grâce de l'imagination, il s'agit de réinventer le monde à l'intérieur d'un cercle de craie et réapprendre au citadin pressé, le temps d'un spectacle, à sourire et à rêver.
,
Extrait :
" Le voyageur saltimbanque n’est
jaloux que du soleil. Nulle part ailleurs sur terre, on ne peut
trouver un astre aussi brillant que lui, avec sa crinière d’or
faite de ses émerveillements, de sa générosité, de ses blessures,
de la richesse que lui procurent ses mille voyages quotidiens dans un
ciel d’azur ou de coton lourd, tant de satellites et autant de
promesses. L’apprenti saltimbanque se veut soleil. Il est cet astre
aussi brillant que possible pour les piétons, spectateurs présents
dans son ciel du jour. Son apparition sur une scène ou un coin de
pavés doit réchauffer les cœurs. Déjà. Et il est prêt à
recommencer chaque jour. Encore. Car c’est là son métier :
soleil piéton.
Il le sait, nous le savons :
jamais il ne sera le soleil, non. Ou pas plus longtemps que le court
moment de son numéro. C’est sans espoir, sans rêve, sans but.
Jamais un homme qui marche dans la rue, cherche dans les vitrines les
prix les plus bas et boit une bière à la terrasse en disant du mal
d'un sportif à la mode ne sera cet astre merveilleux qui fait de nos
journées des souvenirs doux et chauds. Ce n'est qu' impossible.
Le saltimbanque n’est jaloux
que du soleil. Il doit apprendre à tracer un cercle de craie aussi
rond qu’un astre. Il doit apprendre à sourire et à briller autant
qu’une étoile en plein jour. Il doit apprendre à occuper l’espace
où il se trouve jusqu’au moindre recoin, comme le fait
la lumière. Il doit
apprendre la générosité, le brûlant de l’estomac, des poumons
et des cœurs fauves, l’éclat des yeux les paumes ouvertes, enfin
le rire à grand fracas comme fait le soleil sur les façades
d’Italie. Alors, au milieu de ce cercle et de la foule qui
l’entourera peut-être, il sera un instant –
un instant seulement –
ce soleil piéton que nous montrent les gravures des siècles
précédents.
Puis il sera à nouveau passant. Simple passant comme la pluie. "
,
2 commentaires:
Bonjour à vous .votre poésie est un baume sur le coeur de mes balades aux aurores dans la commune Bruxelloise de St.Gilles. merci.
Thanks great blog.
Enregistrer un commentaire