lundi 1 juillet 2024

"L'Autriche, l'Homme aussi!" Louis Scutenaire à Lessines

 



"Il me faut un poète ou une poétesse! Vous êtes poètes? Vous, vous êtes poète? Dites-moi oui!" Oui, ils-elles sont dix poètes et poétesses sur les gradins de notre spectacle "Forêt de plumes", dans le village natal de Louis Scutenaire dont nous fêtons aujourd'hui le 119ème anniversaire. Nous sommes le 29 juin, à deux pas de la maison où il naquit (une plaque le confirme) et dix semeur.ses de beauté sont rassemblé.es ici. Il y a Laurence Vielle (qui a sorti un gâteau d'anniversaire et fait chanter le public "Joyeux anniversaire, Louis!" Il y a Aurélien Dony qui finit d'écrire son texte sur le chemin, encore imbibé peut-être de cette soirée d'hier où il a découvert une bibliothèque à la lumière d'une lampe torche, dit-il, et la salle de spectacle à celle d'une bouteille de vin blanc. Il y a Catherine Barsics qui va se coucher sur les rails du chemin de fer abandonné. Il y a  Thierry Lefèvre, inépuisable bavard qui porte un parapluie dans la parc entre toutes les espèces de Scutenaires que portent les étiquettes d'arboretum : Scutenaire à larges feuilles, Scutenaire mâle, Scutenaire à feuilles de margritte,... 




Il y a Laura Schlichter, engagée comme une ouvrière dans l'usine abandonnée où les graffitis proclament avec la voix du Scut : "Prolétaires de tous les pays! Je n'ai rien de spécial à vous dire!" ou bien "Tout ce que tu vois ici en fermant les yeux m'appartient!" Il y a David Murgia. Sa toute petite silhouette envahit le façade de la maison natale du Scut avec un texte de Raoul Vaneigem. Il y a encore David Notebaere qui parle avec sa voix de stentor de Dieu, de sexe et de femmes sous le tilleul devant l'église. Et il y a Delphine Veggiotti qui nous surprend avec un dialogue face à une échelle, laquelle se prénomme Scutenaire. Enfin, il n'y a pas Vincent Tholomé. Mais nous tenions à ce qu'il soit de la fête, malgré ses soucis de santé. Alors dans le cimetière (dont le mur est orné d'un large "Je me sens si jeune, il est vrai que je suis entouré d'éternité!"), entre les buis, les tombes et les croix de pierre, sa voix résonne, enregistrée au téléphone, sur ses élucubrations d'auto-portraits de morts-vivants dont Louis le Scut et tous les doubles de Vincent.




La promenade est belle, forte, diverse, commencée sous le soleil et achevée sous l'orage. Ce sera alors à nous et notre spectacle "Nous sommes une Forêt de plumes".





Non, je n'ai pas vu la promenade. Si je dois parler de moi, je dois parler de douleur. Mon dos, mes hanches et cette toux grasse et profonde qui m'envoie des décharges sur la moëlle épinière comme tirant sur le glas. Aïe Aïe et aïe. Je dois donc gérer au mieux cette situation sans énergie. Anti-douleurs et repos forcé jusqu'à mon éveil et échauffement, une heure avant de jouer. Il pleut sur le préau de l'école. Il est 18h30. Les cinquante personnes ont pris place sur les gradins, je suis prêt. Je me suis caché sous la bâche pour attendre le début de la musique. On y est. Intro. Bâche. Le public me découvre. Il éclate de rire. Tout commence par le rire.




Merci au CC Magritte de Lessines et à toute l'équipe : Myriam, Vincent, Olivier, Chloé et tous les autres. Merci aux dix poète.sses cité.es plus haut. Merci à Louis Scutenaire, fantôme bienveillant de la journée!

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