mardi 25 juillet 2023

La Beauté s'appelle Tonnerre

La beauté s'appelle Tonnerre. Les yeux bandés par les nuages, elle frappe sans choisir. Elle touche à pleines mains la chair des vivants aveugles, elle brise le miroir de l'eau à l'instant-même où une femme a posé son pied sur la source. Il arrive à la beauté de pleuvoir. Ce n'est que plus précieux. Plus foudroyant. Plus admirable.

La Beauté n'a qu'un seul pied, et c'est le gauche.




C'est donc une expo exceptionnelle. La ville de Tonnerre (entre Dijon et Paris, en Yonne) nous offre un décor rare. Ladislas et Christian, qui tiennent la galerie Archipels, ne s'y sont pas trompés. Les murs, les toits, les rues, les fenêtres servent d'écrin aux gravures aux affiches et aux mots. 



Et tout d'abord cette fabuleuse Fosse Dionne. C'est là que nous commencerons le parcours du vernissage. "La Beauté chaque matin se lave les yeux à l'eau claire". Ma voix résonne entre les murs,et Armelle arrive en remontant la rivière. Aussitôt, il se met à pleuvoir. Cela rend la moment historique, la cérémonie fabuleusement émouvante. La voilà qui grimpe en équilibre sur le muret au son du tuba (caché) de Kenzo. Aux mots "Elle a pour amie les fleurs sauvages et les corps nus", voilà qu'il apparaît et funambule sur le faîtage le plus haut du décor. Les souffles se coupent. "La Beauté a des millions d'enfants dont elle ignore les prénoms". Top. Ils disparaissent. Il me reste à souffler au public "Je te vois dans son miroir" et nous pourrons prendre le départ après un instant de silence. Ils-elles sont 50 sous le toit. La pluie a cessé. Le parcours en ville peut débuter.

Devant le rhinocéros, Armelle tient en se taisant un regard fixe sur les spectateurs et un doigt droit sur les mots de l'affiche. Plus loin, Kenzo tremble à monocycle (est-ce une femme? Un homme en robe de bal?) et descend une ruelle sous le regard en papier de trois yeux-bouches. Je descendrai une autre ruelle en récitant "Deux d'entre mes mains". Nous occuperons le balcon de la mairie sur les mains, la tête, les fesses ou le dos en rappelant que Google nous sait ici. 

Enfin devant la galerie, je lirai le discours sur l'importance des grimaces et des baisers qui s'impose avant de boire un coup de vin d'ici. Un dernier air de tuba nous laisse valser (me fait pleurer) dans les bras de celle que j'aime et je vois Raoul (le vrai, le très vieux Raoul Vaneigem qui a 89 ans et nous rejoint endimanché de son sourire), je le vois joyeux qui me fait signe de sa canne. Bravo. Vive la Révolution Amoureuse. 


Nous laissons la ville de Tonnerre sous la pluie fine de ce dimanche matin. Le titre de l'exposition? Obéir n'a jamais changé le monde! 


Jusqu'à la fin septembre. 

20 installations en ville + dans la galerie linogravures originales

Info : Galerie archipels, 

12 rue de l'hôtel de ville à 89700 Tonnerre.

07 69 82 39 09 Ladislas De Monge

1 commentaire:

VERONIQUE DE MONGE a dit…

un passionné passionnant. avez vous entendu le " petit tonnerre " de mes applaudissements. Bravo Ladislas, Ariane et vous tous...