mardi 20 juin 2023

Nous sommes une forêt de plumes, retour au théâtre!

 Nous sommes à Ath (B) ce jeudi 18 mai. C'est jour de congé. Et ici, à Ath, en Hainaut, c'est jour de festival. On appelle la journée "Sortilèges" et tout à coup, dès le matin, le soleil brille sur la ville. Chaque pavé est un miroir. la fanfare joue sous des lignes de petits drapeaux rouges à chaque terrasse où coulent des ruisseaux de bière, Quintine ou Gouyasse. Un cortège de cabanes d'enfants se prépare dans la cour sous la tour médiévale de Burbant. Il y a des clowns à toutes le fenêtres et des majorettes dans les égouts. La petite "Venelle des bains" nous attend sous le soleil.













Enfin la rue, enfin le soleil et l'ombre, la brique et les fenêtres, les curieux, les curieuses, les tourterelles qui s'agitent dans un arbre en fleurs, deux bancs pour nous faire une arrière-scène. Enfin parmi les cœurs qui battent après 3 semaines de répétitions dans le noir des salles de théâtre. Cet après-midi voit la Première du spectacle. 



Le décor est donc installé avec les gradins en demi-cercle. Quand Maurice et Céline, les deux musiciens ouvrent la bâche apparait le monde d'aujourd'hui et ce que nous pourrons en dire : le désastre, l'éclat de rire du monde rendu ridicule par la marionnette-objet, puis je descends de ce plateau tournant comme du monde qui me file la nausée, et je pose la question au public, les yeux dans les yeux, sans micro, sans décor, sans artifice. Que cherchons-nous? Que voulons-nous? De la poésie et rien d'autre. Et qui est poète? Vous!



Alors commence la partie la plus forte et le pari le plus audacieux. Nous allons écrire ensemble un poème et les 80 voix présentes le diront au ciel et au monde qui nous entoure. Il faut vivre ce moment pour en savoir le frisson. Il faudra un jour que vous voyez ce spectacle (non, que vous le viviez!) sans quoi vous ne pouvez pas vous rendre compte de l'émotion qui naît lorsque tout un public, femmes et hommes, français ou étrangers, petits, pharmaciens ou cyclistes prononcent au même moment et d'une seule voix le poème qu'ils ont écrit et offrent celui-ci à l'avenir qui vient à pied. Je me retire doucement et me fonds à la foule au moment où les musiciens éclatent de joie et soulignent la voix des spectateurs.trices. Quel bonheur, profond, sage et doux que de laisser orphelins 80 poètes dans la ville. Les applaudissements fusent. Je dois les applaudir autant que de recevoir. Je dois.





Le spectacle a décollé. Vraiment. Je retrouve cette drogue dure qui est mélange d'ivresse, de générosité,  d'écoute, de plaisir de faire le clown ou le poète (est-ce différent?) pour un demi-cercle de visages émerveillés. C'est une drogue, oui, et j'irai me coucher stone de ces doses-là que j'ai voulu arrêter il y a dix ans. Oui, stone. Ivre. Pété. Heureux.


C'est Aurélien Dony qui a fait la mise en scène. Ce sont Maurice Blanchy et Céline Chappuis qui ont écrit, créé et joué la musique. C'est Bill Sonest qui a sonorisé tout ça. Et c'est grâce à tous ces gens-là que ce spectacle est beau. Tout simplement beau. Le prochain rendez-vous pour le voir, c'est à Chassepierre pour le festival, les 19 et 20 août 23. A bientôt.

Aucun commentaire: