mardi 8 mars 2022

Sprimont, à chaque caillou son siècle de patience.

 "Nous sommes bien entendu favorables à la liberté d'expression, mais cela ne convient pas dans ce cadre-ci" Quel cadre? De quoi parlons-nous? Et qui a écrit ceci? C'est un extrait d'une lettre du conseil communal de Sprimont, signée par le bourgmestre (MR) adressée au Centre Culturel en réponse à une demande après tout fort banale : de la poésie (de ma poésie) dans les rues de Sprimont.

Ils ont donc dit NON. Non au "Capital est une maladie que tu vas attraper par les bourses", NON au "Dernier cri du coït", NON au "Cuir des portefeuilles", NON au "Joyeux Bordel cannibale". Ces mots ne conviennent pas à l'espace public. Des enfants pourraient lire. Des gros mots? Bordel est donc associé à Capital, à Coït, comme Portefeuille? Ce sont là des grossièretés que les enfants ne devraient pas entendre? J'aime cette association. Ou alors est-ce cet anticapitalisme de base qui caractérise mes aphorismes qui touche le cœur d'une société bien à leur goût qui s'écroule pourtant. La peur provoque-t-elle la panique et de ces gestes de protection? Allez savoir.

La réaction a été belle : le CC a lancé la nouvelle sur les réseaux sociaux et un bon nombre de citoyens (ô merci à eux!) ont répondu "Derrière ma fenêtre, sur ma façade, rien n'est interdit! Passez frapper à ma porte, et vous serez accueillis!" Enfin, après quelques corrections et l'envoi (exigé par la commune) des textes complets pour révision, nous partons coller et suspendre avec le document enfin approuvé en mains.

Merci Julie (du CC) qui assure comme une guerrière sous la pluie et le grésil. Merci Céline (directrice du CC) qui, au téléphone il y a quelques jours encore, tremblait des lèvres en me lisant la lettre du collège. "On fait comment? On continue?" Oui. Merci Patrice, cordes et pythons pour que cela tienne et que le corbeau-pirate fasse la grimace au ciel mauvais.

Le jeudi fut jour de nique (oh!) et le vendredi St Rébellion (Oh!), enfin 30 lieux de la commune osent dire une opinion. Il y a, comme signe souvenir de cette surveillance permanente, des "D'après Google, vous êtes ici" à tous les carrefours, dans tous les hameaux, et sur quelques fenêtres. Et pour chapeauter le tout, le plus grand de ces signaux se trouve chez Big Brother, sur le mur du bureau maïoral. Oui, c'est subtil. Mais il fallait y penser et signifier quelque chose.

Dans un mois, c'est foire du livre engagé. J'y serai. C'est cette photo de Timotéo devant l'affiche "Désobéir" qui fait l'identité de l'événement. Flatté, vraiment.



















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