samedi 13 avril 2024

Un nouveau livre ! Marcher avec les pieds fait de nous des oiseaux. ed l'Arbre à paroles.

 


Nouveau livre, oui, sorti en mars aux éditions "L'arbre à paroles" (Amay, Belgique) 
Sa génèse, c'est cette longue marche de l'été 2021 qui m'a vu rejoindre Wasseiges (B) où j'habitais alors, abandonnant appartement et meubles, possessions et confort, et Brive-la-Gaillarde (F-19) au-delà de Limoges pour y retrouver mes petits-enfants. Le premier but de cette histoire était de leur porter un petit cadeau d'anniversaire. Le second fut d'écrire chaque jour un poème, un couplet, une strophe, au marqueur sur les poteaux, les vitres, les panneaux que je croise en chemin. Cela donne un poème de 801km de long.



De quoi parle ce livre? deux parties : la première pour conter le voyage, mes nuits dehors, mes rencontres essentielles, mes jours de pluie ou de sécheresse. Raoul Vaneigem fait partie du trajet, il me fait l'honneur de signer la préface. Je rencontre aussi les habitants de Tarnac, Gilles de Street art City, un ou deux Auvergnats et  Miss Univers. Détails au fil du livre.
La seconde partie est ce fameux poème, photos à l'appui, qui fait 801km de long. C'est un long chant anti-capitaliste qui s'est tricoté autour de l'éviction de M Emmanuel Faber comme directeur de l'usine Danone. 


"Car il s'agit avant tout d'habiter poétiquement le monde" disait Hölderlin. Chaque jour, les marqueurs sont sortis pour écrire sur les murs, les plaques d'égout ou les fenêtres. Mot d'amour ou réflexion sur le monde d'aujourd'hui, sur cette insupportable pression de nos porte-monnaie sur nos poches sous  les yeux. La marche finit en danse pourvu qu'on pleure un peu. 


Disponible en librairie sur commande, sinon chez l'auteur (stephanetimoteo@gmail.com) ou auprès du site https://www.maisondelapoesie.com/editions/
ISBN 978-2-87406-746-4

vendredi 22 mars 2024

Trois expositions en Belgique - mars avril 2024

 Trois expositions dans l'air. 

Tout d'abord, je pose une pièce au Musée des Transports en Commun de Liège. Le directeur des lieux prend sa retraite. Il s'appelle Serge, c'est un grand baraqué souriant derrière une moustache de Dali. et à cette occasion, une petite exposition concoctée par son amoureuse m'invite à ressortir une affiche de l'opération "Fureur de Lire" 2018 où j'avais suivi la ligne de bus 1011 avec une affiche à chaque arrêt. L'occasion est belle pour la mettre en évidence, entre un bus 1912 et un ancien tramway. Merci





La seconde aura lieu à la galerie "Exit 11" à Petit-Leez (Gembloux) J'ay ai souvent exposé déjà et le thème de celle-ci sera "Respire" et ne rassemble que des graveurs-ses. Je devais en être. Voici trois ou quatre encadrements originaux sur le thème.


Enfin, je prépare ici à Amay (j'y habite 5 nuits) le Nouvel an poétique. J'en suis l'invité d'honneur pour marquer la sortie du livre "Marcher loin des écrans fait de nous des oiseaux". J'en parlerai bientôt. La maison se voit envahie de travaux des participants aux ateliers terre, arts plastique ou écriture où j'ai fait une apparition en février. Et j'y ajoute, ici ou là, une gravure, une série d'affiche, et surtout (surtout) cette énorme fresque "On le sait" qui fait ici ma fierté. 












POEMA en Lorraine 1

 Je suis en résidence à Ste Geneviève (ou Bezaumont), à côté de Pont-à-Mousson. C'est la première d'une série de quatre résidences d'écriture que m'offre le festival POEMA. J'habite à Soléole, gîte en habitat léger. Ce matin, le soleil frappe au carreau. Il fait bon dans ma cabane mais il a gelé dehors. Les tables sont nappées de blanc, les pare-brise aussi, l'herbe encore étale un peu de blanc sous nos premiers pas. Et le soleil rassure tout ça. Les mésanges se réjouissent puis filent d'un toit à l'autre en perçant un cri, en tendant un chant. 




"Si ce n'est pas un incendie, ça ne vaut pas la peine" me dis-je en triant les morceaux de textes éparpillés sur 180 pages. La matière est énorme. Trop. Evidemment, puisque je m'applique à raconter 10 ans de vie en habitat léger. Cabanon, yourte, roulotte, péniche, appartement puis plus rien. Cela fait dix ans d'histoire entre mon divorce avec la mère de mes enfants en novembre 2012 et mon départ à pied pour la France. Je dois y raconter surtout mon allègement. et je veux y ajouter la place que la poésie a prise dans mes jours. Cette force qui me tient debout. Je coupe les pages avec le grand couteau de cuisine, je les recolle avec un morceau de scotch, je barre, je biffe, je corrige et je choisis encore : Soit ce chapitre pour arroser les fleurs, soit celui-là pour allumer un incendie.





"Un poète, c'est quelqu'un qui invente des poésies? c'est quelqu'un qui prononce des poèmes. quelqu'un qui écrit des poèmes et trouve des rimes pour que ce soit pas trop moche. et un poème, ben, c'est une poésie inventée. Voilà. Non, ce sont des phrases qui racontent des choses et à la fin, le nom et le prénom du poète. Voilà. Ou un mélange de mots mais qui ont un sens. Je sais : un poème, c'est quelque chose qui est répété plusieurs fois. C'est surtout utilisé dans les écoles!"

Je donne des ateliers auprès d'un public émerveillé, patient et magnifique. Tu es poète, oui, je n'ai aucun doute. Et la médiathèque de Pont-à-Mousson me fait l'honneur de ses murs.

le printemps à Lys!

 


     Le printemps est là déjà (nous sommes les derniers jours de février!) qui donne envie de tout repeindre, tout retapisser. Alors que Le Chien sur le Toit dégage l'abreuvoir, fleurit les fontaines et nettoie les abords du village, je vais m'occuper du lavoir voisin. Un coup de balai sur les toiles d'araignées et les cigales durcies évanouies muettes, un coup de couteau sur les vieilles étoiles d'un Noël passé, un coup de raclette sur les affiches déchirées puis un coup de neuf sur les murs : je sors quelques affiches dont les couleurs appellent. Le paon des prisonniers de Paifve et les marguerites de "Tout ce qui nous pousse" occupent aujourd'hui le petit lavoir de Lys. 






vendredi 16 février 2024

Poète national des écoles -2

Ca y est, ma tournée de Poète National des Ecoles démarre. En janvier, j'ai visité le Périgord. Grand plaisir de découvrir les "écoles en poésie" où les gamins, gamines courent vers moi qui attends à la grille "C'est Timotéooooo! C'est le poèèèète!" et puis qui me murmurent à l'oreille certains de mes mots.




Nous sommes en février, je visite à présent la Normandie.

- Combien avez-vous écrit de poèmes?

- Vous qui êtes célèbre, connaissez-vous Brad Pitt?

- Combien avez-vous écrit de poèmes?

- Et où trouvez-vous l'inspiration?

- Quelle était votre matière préférée à l'école?

- Oui. Et combien avez-vous écrit de poèmes?

Autant de questions aussi intéressantes que variées auxquelles je réponds, assis sur une chaise métallique d'école devant le tableau de la classe. Et parfois :

- Quel est votre poème préféré? et je prends l'occasion pour dire "Pleurer, ne pas pleurer" d'un bout à l'autre (extrait des Cages Thoraciques et repris dans Mieux vaut en Pleurire)

ou encore 

- Est-ce que des fois les rêves vous influencent? Alors je lis "C'est un rêve que j'ai fait" de mon livre Apocapitalypse










C'est l'occasion de jouer au grand-père avec ma barbe de Père Noël et mes énormes mains qui s'agitent dans l'air. Et j'écouterai toute l'école, classe après classe, devant des instituteurs.trices formidablement motivé.es. On vient de changer de Ministre et ce n'est pas réjouissant. La voilà nommée à l'Education Nationale ET aux jeux olympiques. Les enfants vont doivent-ils se mettre au saut à la perche pour qu'on fasse attention à eux, adultes de demain? Je ris. 




Mais ici, les poèmes consolent. Ils sont sur les murs, sur les vitres écrits  au blanc de Meudon, sur le sol de la cour de récréation, dans la bouche des élèves (mets-toi au centre du cercle, Timotéo, on a des choses à te dire), en affiches, en livrets, en calicots dans le parc municipal, en mille variations qui me sont offertes ou que nous réalisons ensemble. Voilà la poésie vivante. Fraîche. Comme un camembert. De Normandie.


mercredi 27 décembre 2023

Le chien sur le toit et les prénoms sur le pavé

 Je ne vous ai pas encore parlé du Chien sur le toit, ce collectif dans le village où désormais j'habite. Nous sommes désormais une petite dizaine à nous activer pour que le village vive. Pain partagé, apéros à l'heure dite, ateliers, balades, notre village de 147 habitants tente de rester vivant dans un paysage qui s'urbanise de plus en plus. 




Dernière activité en date : l'arrivée du Père Noël! Un vendredi soir, donc, le tout petit square qui se nomme depuis la semaine poétique de 2021 "Place du quincailler corniste et du boucher noctambule" s'est vu transformer en Pôle Nord. Le Père Noël attend là, trônant sur un divan rouge. Cent mètres plus loin dans la même rue, la Mairie s'appelle pour quelques heures "Pôle Sud" et se voit décorée d'étoiles et de sapins. Entre les deux?




Entre les deux, c'est votre serviteur qui avait à charge de peindre chaque prénom des enfants sages du village, comme une carte routière à lire pour voyager du Pôle Nord au Pôle Sud à travers le lac de Lalie, Lauraland, le Mont Rosie, la galaxie d'Iris, le Port-Noé, le bois de Louis ou Lorena-city, le Royaume secret de Loris, le duché de Margaux ou la Province du Matteo Oriental, et j'en passe. Voyez plutôt les photos, elles racontent tout.







Poète national des écoles... en France!

 Connaissez-vous l'OCCE?



Sous cet acronyme se cache l'Office Central de Coordination des Ecoles. C'est une grosse boîte à Paris qui coordonne donc les activités artistiques (et pas que) dans toutes les écoles d'Etat en France. Ca en fait un paquet. La boîte dépend directement du Ministère de l'Education nationale. Chaque année, donc, ils proposent de la poésie (et pas que) aux instituteurs.trices, directeurs.trices, pédagogues et autres, pour arriver dans l'oreille, les mains, les yeux des enfants de 5 à 11 ans. Et chaque année, ils nomment un Poète parrain de l'année, une sorte de Poète national des Ecoles de France. Ce fut le cas de Carl Norac, Mélanie Leblanc ou Pierre Soletti, par exemple. 


Figurez-vous que mon humble personne fut nommée pour l'année scolaire 2023-24! C'est un grand honneur pour moi qui n'ai jamais pensé écrire pour les enfants. Le travail a commencé en ce mois de décembre avec une semaine de travail à Reims auprès des institutrices.teurs, directrices.teurs présent.es. Une trentaine tout de même. "Qu'est-ce que la poésie tournée vers les enfants? Comment peut-on la rendre vivante, la faire bondir hors des livres avec de petits yeux, de petites mains, de petites jambes?" 





   Courez afficher des post-it dans la rue! Linogravez les mots les plus importants! Dansez les rythmes, chantez les mots! Tout est possible et la poésie n'est plus ce poisson mort entre les pages faute d'avoir pu respirer!

En janvier, je serai en Dordogne, en février dans le Calvados, en mars à St Etienne, la tournée des écoles sera riche, et je vous tiendrai au courant avec ce blog!



jeudi 21 septembre 2023

A paraître en mars 2024 :







Marcher loin des écrans fait de nous des oiseaux
Ed Maelström

Le récit de ce long voyage à pied qui mena mes pas de Wasseiges (Namur-B) à Brive-la-gaillarde (F-19) en écrivant un poème de 801km de long sur les murs et les panneaux qui longeaient la route. Illustré de 70 photos et de nombreux extraits de mes carnets.


lundi 18 septembre 2023

Du Finistère à la fin du monde : retrouver la pluie

15 septembre 2023


Retrouver la pluie de l'intérieur. Aller la voir en son pays d'origine, le Finistère, tout au bout de la Bretagne, comme une cousine que j'ai très bien connue en Belgique et depuis lors perdue de vue. La revoilà. Et c'est bon de la revoir.


L'occasion est belle : mes gravures et affiches sont invitées par Sabine Delahaut, délégué commissaire pour une expo à l'Archipel de Fouesnant. L'opération s'appelle MORSURE et elle rassemble douze graveurs.ses de talent, dont je me vois flatté de faire partie avec mes affiches bon marché. Il y a donc sur les murs et au fil d'un catalogue luxueux : Julien Mélique et ses découpes en mobiles, Nathalie Van de Walle et ses écroulements en images géantes, Sylvain Konyali avec quelques cabanes magnifiques en xylogravure sauvage, Carole Texier et quelques foules (elle n'est pas présente), Louise Gros pour le collectif Matin Brun, Wuon-Gean Ho, venue de Londres et Ahmad Ghaddar venu de Beyrouth, Alice Amoroso de Paris et Xavier Orssaud de Montreal. "Vous avez tous quelque chose en commun, précise Sabine la commissaire, c'est que vous êtes conscients de l'écroulement du monde et vous tentez de le partager. " En Finistère, c'est la fin de tout.



Il est rare pour moi de pouvoir parler encre, machine, papier, atelier. C'est le moment. Nous sommes reçus comme des princes, le lieu est magnifique, aéré, lumineux et tous nos travaux, pris un par un, sont mis en évidence par Yann, le technicien sous le regard attentif de Frédéric Pinard, directeur attentionné. Merci à tous et toutes.



Et si vous passez par  là, ne manquez pas l'occasion de visiter cette exposition, elle en vaut la peine! Après, vous irez faire un tout le long de la mer et sous le pluie. Rien de plus agréable. 

Du samedi 16 septembre au samedi 25 novembre 2023

L'Archipel pôle d'action culturelle, 

1 rue des îles, 

29170 Fouesnant 

https://archipel.ville-fouesnant.fr/agenda/morsure-3/
















mardi 1 août 2023

La Marche des Philosophes passe cet été par le Hainaut!

 

Cet été, comme chaque année depuis 2016, notre compagnie, la Cie des Chemins de Terre repart en tournée à pied. Et après avoir traversé la Gaume (deux fois, 2017 et 18), le pays de Herve (en 2019), puis le Brabant wallon (2 fois aussi), et la province de Namur l'an dernier, nous poserons le pied dans la province du Hainaut.

Pourquoi ce titre ?

Parce que dans l’urgence de notre société actuelle, il faut apprendre à ralentir. Alors nous irons à pied. Parce qu’il faut sortir de la logique marchande de la culture. Alors nous passerons le chapeau. Parce qu’il faut rencontrer, les yeux dans les yeux un public hors de grandes foules et des rassemblements estivaux. Alors nous irons jouer dans des granges et des jardins, des ateliers d’artistes, devant des fontaines ou sous un arbre. Parce qu’il faut mettre en lien les habitats groupés, les potagers, les idéalistes de la région pour bâtir ensemble un monde plus vivable. Alors nous boirons un verre avec chacun, chacune et donnerons des nouvelles des voisins. Parce qu’il faut en débattre avec vous, alors nous serons philosophes errants, et le débat sera ouvert après la représentation.

Les dates :

Chaque lieu est un jardin privé, un atelier, une cour ouverte un soir au public de passage. N'hésitez pas à appeler pour connaître l'adresse exacte.

Jeudi 10 août à 20h : ENGHIEN chez Bio Autrement - 02 395 47 60

Vendredi 11 août à 19h : SOIGNIES, chez Manu et Astrid 0496 34 67 27

Samedi 12 août à 19h : LA LOUVIERE, chez Céline 0475 75 59 50

Dimanche 13 août à 19h : ECAUSSINES, chez Cécile 0478 43 21 23

Lundi 14 août : HORRUES, chez Stéphanie 0476 817492

Mardi 15 août à 19h : LESSINES, Chez la Compagnie Arts Nomades (Ambre) 0499 26 80 31

Mercredi 16 août à 19h : HOUTAING, chez Isabelle 0497 44 81 13

Jeudi 17 août à 19h : AMOUGIES, Chez Jean-Philippe et Styvie : 0497 76 35 55

ET quel spectacle ? Le spectacle joué chaque soir s’appelle Poketo poketopoketo poumpoumpoum et il tourne déjà depuis 2019 en divers lieux reconnus en Belgique et en France. Un professeur de français un poil déjanté va vous expliquer ce que c’est que la poésie. Là, devant vous, sans filet, il dira quelques poèmes et vous emmènera au pays des alexandrins et des métaphores. Il insiste, le bougre est idéaliste, sur le rôle important de la poésie dans le monde dingue dans lequel nous vivons.






NOS PARTENAIRES :

Cette année 2023, nous bénéficions de la collaboration de deux partenaires importants :

ARMODO : c’est la fédération des Artistes qui se déplacent à Mode Doux. Autrement dit, une union de tous ceux-celles qui voyagent autrement qu’avec des moyens polluants (camions diesel, voitures surnuméraires, avions à réaction). Cette fédération (dont nous sommes parmi les fondateurs) a obtenu auprès de la Fédération WB une subvention Tournée Sectorielle, ce qui marque le soutien du Ministère à notre démarche. C’est donc grâce au travail de Dorine et Stéphan que nous bénéficions cette année d’un soutien financier de FWB. Merci.





PICARDIE LAÏQUE : La dernière journée le 17 août, nous marcherons en philosophes. Oui, comme chaque jour. Mais ce jour-là sera marqué par la présence d’un animateur pour nos réflexions. Nicolas Vico, travailleur chez Picardie Laïque, sera là pour piquer nos curiosités, ranimer les réflexions sur notre bon vieux thème de « La Beauté ». Et nous atterrirons le soir à Amougies chez l’excellent éditeur « Le cactus inébranlable » pour trouver dans leurs livres de quoi nourrir encore la réflexion.



« Je veux changer le monde

comme un nageur voudrait changer

la direction d’un paquebot, me dit-il.

La question est : est-ce que je nage dans la mer

ou dans la piscine du bateau ? »



Poketo quoi ?

Poketo Poketo Poketo Poum poum poum, c'est un alexandrin. Un vers à douze pieds et son rythme obsédant autant que carré, parfaitement mathématique (3 x 4, 2 x 6 ou 1 x 12 pieds) sonne à nos oreilles comme Victor Hugo ou Lamartine les façonnaient. Ce sera donc de la poésie. De la poésie dans la rue? Oui. Plus que jamais, dans l'incendie du monde, parmi les assassins pesticides et les télévisions allumées, face aux rangées d'agents casqués et de consignes de sécurité, la poésie est nécessaire. C'est un poumon, un souffle peut-être un cri sûrement. Il ne s'agit pas de répéter "les petites fleurs, c'est joli..." Cette poésie-là est passée. Celle d'aujourd'hui nous interpelle, nous prend par les yeux et le bord fragile de l'oreille pour nous emmener là où cela fait mal. La place des poètes n'est plus dans les salons littéraires mais auprès des braseros, des grévistes du climat et des hurleurs de douleur publique. Où, sinon dans la rue?


Plus d'infos encore en appelant le 0479 49 17 60 (Stéphane Georis)



Texte de Timotéo Sergoï


Mise en scène de Francy Begasse

Avec Stéphane Georis


Compagnie des chemins de terre



Www.timoteosergoi.blogspot.com




mercredi 26 juillet 2023

Chalon dans la rue, les Belges sont poètes.


Du 19 au 23 juillet derniers, la ville de Chalon-sur-Saône organisait son festival "Chalon dans la rue. Les artistes belges y avaient une place de choix puisqu'ils occupaient avec le collectif "Ceci n'est pas un collectif" le Square Chabas, à deux pas de la gare. Ce fut l'occasion pour moi de relever un sacré défi : un poème de 200m de long en faisait le tour complet. 

A défaut de pouvoir le voir sur place (il a été abîmé un peu par la pluie, beaucoup par les vélos qui s'y appuyaient), voici une vidéo de ce qu'il était au départ. 

https://clipchamp.com/watch/W4lEVqOcCZM





mardi 25 juillet 2023

La Beauté s'appelle Tonnerre

La beauté s'appelle Tonnerre. Les yeux bandés par les nuages, elle frappe sans choisir. Elle touche à pleines mains la chair des vivants aveugles, elle brise le miroir de l'eau à l'instant-même où une femme a posé son pied sur la source. Il arrive à la beauté de pleuvoir. Ce n'est que plus précieux. Plus foudroyant. Plus admirable.

La Beauté n'a qu'un seul pied, et c'est le gauche.




C'est donc une expo exceptionnelle. La ville de Tonnerre (entre Dijon et Paris, en Yonne) nous offre un décor rare. Ladislas et Christian, qui tiennent la galerie Archipels, ne s'y sont pas trompés. Les murs, les toits, les rues, les fenêtres servent d'écrin aux gravures aux affiches et aux mots. 



Et tout d'abord cette fabuleuse Fosse Dionne. C'est là que nous commencerons le parcours du vernissage. "La Beauté chaque matin se lave les yeux à l'eau claire". Ma voix résonne entre les murs,et Armelle arrive en remontant la rivière. Aussitôt, il se met à pleuvoir. Cela rend la moment historique, la cérémonie fabuleusement émouvante. La voilà qui grimpe en équilibre sur le muret au son du tuba (caché) de Kenzo. Aux mots "Elle a pour amie les fleurs sauvages et les corps nus", voilà qu'il apparaît et funambule sur le faîtage le plus haut du décor. Les souffles se coupent. "La Beauté a des millions d'enfants dont elle ignore les prénoms". Top. Ils disparaissent. Il me reste à souffler au public "Je te vois dans son miroir" et nous pourrons prendre le départ après un instant de silence. Ils-elles sont 50 sous le toit. La pluie a cessé. Le parcours en ville peut débuter.

Devant le rhinocéros, Armelle tient en se taisant un regard fixe sur les spectateurs et un doigt droit sur les mots de l'affiche. Plus loin, Kenzo tremble à monocycle (est-ce une femme? Un homme en robe de bal?) et descend une ruelle sous le regard en papier de trois yeux-bouches. Je descendrai une autre ruelle en récitant "Deux d'entre mes mains". Nous occuperons le balcon de la mairie sur les mains, la tête, les fesses ou le dos en rappelant que Google nous sait ici. 

Enfin devant la galerie, je lirai le discours sur l'importance des grimaces et des baisers qui s'impose avant de boire un coup de vin d'ici. Un dernier air de tuba nous laisse valser (me fait pleurer) dans les bras de celle que j'aime et je vois Raoul (le vrai, le très vieux Raoul Vaneigem qui a 89 ans et nous rejoint endimanché de son sourire), je le vois joyeux qui me fait signe de sa canne. Bravo. Vive la Révolution Amoureuse. 


Nous laissons la ville de Tonnerre sous la pluie fine de ce dimanche matin. Le titre de l'exposition? Obéir n'a jamais changé le monde! 


Jusqu'à la fin septembre. 

20 installations en ville + dans la galerie linogravures originales

Info : Galerie archipels, 

12 rue de l'hôtel de ville à 89700 Tonnerre.

07 69 82 39 09 Ladislas De Monge

Stavelot, Claude François, les alexandrins et les voitures de course.

 9 juillet. Je joue à Stavelot, le long du circuit de Francorchamps. Et j'apprends cet après-midi deux choses importantes : Tout d'abord que le circuit rapporte de l'argent aux communes traversées, dont Stavelot où je me trouve debout à débiter des alexandrins en imitant Claude François. La commune investit cet argent dans la culture, par exemple. Le bourgmestre l'a dit dans son discours d'ouverture du festival (VTS). Je suis donc ici grâce aux courses automobiles que je déteste. Que j'exècre. Que je trouve dangereuses et inutiles. Il n'est plus l'heure de tourner en rond pour savoir qui est le plus fort quand on sait que cela produit le gaz qui tuera nos enfants.







Alors j'apprends la seconde nouvelle. On me dit "Oui, mais ici, le territoire est couvert de forêts, les arbres font leur boulot de photosynthèse. Donc rien de grave..." et voilà! Voilà que notre Terre-mère n'est plus un esprit à respecter, à éviter de salir mais qu'elle devient la Raison Pour Laquelle On Peut Polluer!! Magnifique retournement de situation en ce moment d'apocalypse où l'on sait que faire fumer des voitures, des fusées, des usines, des bateaux et des avions, faire brûler des énergies fossiles tuera (et tue déjà) par des cancers par millions, la Nature qui nous entoure absorbe, donc on est en droit de la gaver de merde! Nous avons obtenu l'autorisation de tourner en rond avec de gros moteurs pour le compte des banques et des marques de cigarettes puisque les arbres absorbent!



La seule chose qui me console vient de la liaison entre les deux nouvelles. C'est donc grâce aux arbres qu'ils font la course et grâce à la course que je peux dire des poèmes? Je conclus : c'est grâce aux arbres que je peux dire des poèmes. Merci Jean-Sapin, merci Marie-Prunier. 


Le Puley, plaisir et beauté!

 C'était un samedi en Bourgogne. La beauté était de sortie.




J'ai pu afficher la Joconde, les papillons et le grand Paon sur les murs très anciens du prieuré du Puley, minuscule hameau que vient envahir toutes les 3 minutes le potin du TGV Paris-Lyon. Le prieuré du XIIème siècle est un joyau de cailloux entassés sans ordre. Y coller, même sous la pluie, une image de la Joconde la tête à l'envers peut paraître provoquer les voisins italiens. Rien du tout. Grands  amateurs d'art, ils promettent d'emmener le rhinocéros géant que j'ai collé sur la double porte de leur garage. Ils l'emmèneront en Italie. Florence? Rome? Une capitale de la beauté? Trop d'honneur, merci, signora.



En attendant, je mange mon pique-nique sous ce qui reste de toit à l'église. Et cet après-midi, je suis censé emmener du public mouillé pour un petit "Poketo poketo poketo poumpoumpoum". Tout le village sera là. Les photos magnifiques sont de Esther, spectatrice hongroise de passage. Merci Esther!